le Progrès du samedi 7 janvier 2017
RECORD - AUGMENTATION DE 3,9 %. AVOIRS CRIMINELS : UN DEMI-MILLIARD SAISI
2016 a été une année noire pour les malfaiteurs : l'Agence des gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués a battu un record en gelant 471,425 millions d'euros de biens issus de la criminalité.
Frapper là ou ça fait mal. C'est-à-dire au portefeuille. C'est le but de l'Agence de gestion de recouvrement des avoirs criminels saisis et confisqués (Agrasc, créée en 2011 sous l'égide des ministères de la Justice et du Budget).
Elle a révélé hier l'impressionnant montant de 471.425 millions d'euros issus de la criminalité gelés sur les onze premiers mois de 2016. Un record. Une hausse, aussi de 3,9 % par rapport à la même période en 2015. Et un incroyable boom de 52 % en moins d'un an pour la gendarmerie, qui a réalisé à elle seule la moitié de ces confiscations
■ Quels avoirs criminels
Numéraire, voitures, appartements, résidences secondaires à l'étranger, comptes bancaires, "parts sociales, parfois assurances vies et même bateaux ou animaux... La philosophie, c'est de considérer que tout profit tiré d'une infraction doit être retiré au malfaiteur", explique Mathieu Bares, adjoint au chef de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), structure de la direction centrale de la police judiciaire spécialisée depuis 1990 dans la lutte contre le blanchiment d'argent.
"L'impunité financière n'existera plus, qu'il s'agisse de drogue, d'escroquerie, de délinquance routière, de fraude... C'est la finalité de la très forte offensive que nous menons", assure le chef d'escadron Romain Stiffel, responsable de la cellule nationale d'avoirs criminels à la Direction générale de la gendarmerie.
■ Que deviennent-ils ?
Le demi-milliard d'euros saisi de janvier à novembre 2016 reste "gelé", tant que la justice ne s'est pas définitivement prononcée sur l'affaire dont tel ou tel suspect doit répondre. "Le dossier dit des "bien mal acquis" impliquant le fils du président guinéen, Teodorin Obiang, par exemple, a été géré par l'Office. Une partie de ces biens a été saisie mais, parfois, le montant de confiscations exceptionnelles est comptabilisé à part", indique Mathieu Bares.
Le seul hôtel particulier de l'avenue Foch acheté par le dignitaire africain, qui sera finalement jugé pour corruption et détournement de fonds publics le 19 juin prochain, avait coûté, en 2005... 25 millions d'euros ! Certes "figées", ces valeurs profitent tout de même : "L'Agence récupère les fonds saisis, les place et les intérêts lui permettent notamment de s'autofinancer", précise le chef adjoint à l'OCRGDF. Et, tandis que l'argent continue de "travailler", certains biens, comme le matériel informatique, sont attribués aux enquêteurs. "Nous avons ainsi reçu 800 véhicules confisqués : c'est 8 % de notre parc de véhicules banalisés. C'est donc un bonus important !", assure le chef d'escadron Stiffel, qui ajoute : "Les biens saisis sont également rendus aux victimes ou, lorsqu'ils sont issus de produits stupéfiants, ces valeurs sont reversées au fonds de lutte contre le trafic de drogue".
■ Pourquoi cette hausse du nombre d'affaires ?
D'environ 7 000 dossiers en 2011, l"Agence est passée à 13 200 affaires gérées par ses soins en 2015. Cette fulgurante augmentation de l'activité ne signifie pas que le nombre de délinquants à la tête d'un magot a presque doublé. Non. Selon Mathieu Bares, "les enquêteurs ont davantage conscience, aujourd'hui, qu'il est primordial de s'intéresser au patrimoine des malfaiteurs. C'est ce réflexe, qui explique la progression du nombre de saisie". Pour le sous-directeur de la police judiciaire, le général Jean-Pierre Michel, "l'important est de prouver que le crime profite de moins en moins". Jane Hitchcock
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