le Progrès du vendredi 10 juillet 2015
CONSOMMATION - Le tout numérique chasse de cash et le chéquier. Les nouvelles technologies révolutionnent les moyen de paiement. Après le paiement sans contact, il est déjà question de passer à la vitesse supérieure avec l'utilisation des données biométriques pour régler ses achats. La monnaie "papier" a du soucis à se faire.
275 Le nombre moyen de transactions effectuées par les Français, hors paiements en liquide, lors de l'année 2013. Un nombre supérieur à la moyenne européenne, qui s'élève à 196 opérations par habitant. Source : fédération française bancaire
"Le réel problème, c'est que les gens oublient leur mot de passe, les inscrivent n'importe où. La nouvelle génération est accro aux selfies... Je pense que les gens trouveront ça sympa et qu'ils l'utiliseront". Ajay Bhalla, Chef de produit sécurité de Mastercard
Qu'elle semble lointaine, l'époque où les Français n'avaient que deux solutions pour régler leurs achats : l'argent liquide ou le chèque. L'apparition des cartes à puce, inventées en France, a amorcé le recul des paiements par monnaie "papier", notamment les chèques. Le développement des virements bancaires a également diversifié les modes de transaction.
Authentification par selfie
Plus récemment, l'émergence du paiement "sans contact", via une carte bancaire ou un smartphone pour des sommes inférieures à 20 euros, a définitivement ancré les moyens de paiement dans l'ère du numérique, rognant sur la part des pièces et des billets. Et ce n'est qu'un début. Car les géants américains (Google, Apple, Amazon...) étudient déjà l'authentification biométrique pour régler ses achats : reconnaissance digitale, avec les empreintes, ou faciale avec un... selfie. Fantaisiste ? Pas pour Mastercard, qui va explorer, dès cet automne, cette piste révolutionnaire.
Même en cas d'échec, le concurrent de Visa dégainera d'autres techniques expérimentales comme la reconnaissance vocale ou encore un système alternatif basé sur... le rythme cardiaque.
Biométrie : le consommateur réticent
Autant d'idées innovantes qui feraient passer le chèque ou les espèces pour des antiquités. Mais la monnaie "papier" fait de la résistance dans les poches des Français. Un sondage (*) réalisé au printemps révélait que l'argent liquide reste un moyen de paiement "incontournable" pour 86 % des citoyens. De même au niveau Européen, c'est en France qu'on signe le plus de chèques.
Mais leur utilisation reste moins sécurisée que celle du paiement sans contact, dont le taux de fraude en 2014 a été limité à 0,015 %. Comme l'a déclaré hier Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et président de l'Observatoire de la sécurité des cartes de paiement, "les risques liés à la compromission de la technologie sans contact demeurent faibles. Ce premier constat encourageant montre également qu'innovation et sécurité ne sont pas incompatibles". Cependant, comme toute technologie, le sans contact, et notamment l'authentification biométrique, connaît ses limites.
Outre l'hypothèse que certaines personnes se trouvent dans l'incapacité d'utiliser leurs empreintes de façon temporaire voire définitive, l'Observatoire évoque "la réticence potentielle du public pour des raisons d'éthique ou l'absence de confiance totale". "Une analyse approfondie doit permettre de mesurer si ces nouvelles solutions fournissent un niveau de sécurité au moins équivalent à celui des solutions classiques", rappelle aussi Christian Noyer. Des obstacles qui devraient permettre aux pièces et aux billets de perdurer dans les porte-monnaie encore quelques années. Baptiste Marsal
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