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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du vendredi 11 novembre 2016

 

 

 

ÉTATS-UNIS - BARACK OBAMA A REÇU SON SUCCESSEUR À LA MAISON BLANCHE

 

 

Donald Trump, pas de panique mais des questions

 

 

Faut-il avoir peur de Donald Trump comme les Californiens manifestant contre leur nouveau président ou bien ne pas s'affoler comme Wall Street et Barack Obama ? La poignée de mains entre les deux Présidents était crispée mais le ton était à la réconciliation.

 

 

Donald et Melania Trump sont entrés à la Maison blanche en toute discrétion hier après-midi. Ils ont quitté la Trump Tower sous les huées de manifestants qui à Manhattan hurlaient sous ses fenêtres : "Donald à la poubelle". À Los Angeles à Washington et dans une dizaine de métropoles de cette Amérique qui voté Clinton lui donnant même une courte majorité en voix au niveau national, on brûlait ses effigies. Des californiens évoquent déjà... une partition tels les Écossais après le Brexit.

 

 

 

 

Langue de bois ou sincérité ?

 

Le jet privé du milliardaire a décollé de New York pour Washington puis le couple est monté dans une voiture officielle. Les photos de la rencontre des premières dames sont plus souriantes que celles de Présidents, plutôt crispés. Les deux hommes n'ont pas répondu aux journalistes mais ont prononcé une brève allocution.

 

 

"Nous voulons faire tout ce que nous pouvons vous aider à réussir. Quelles que soient nos orientations politiques et nos partis, je pense qu'il est important maintenant de se rassembler et de travailler ensemble", déclarait Barack Obama.

 

 

"Je suis impatient de travailler avec le président démocrate et de recevoir ses conseils. J'ai beaucoup de respect pour lui. Monsieur le président, c'était un grand honneur d'être avec vous, je suis impatient de vous retrouver à des nombreuses occasion", lançait Donald Trump dans la continuité de ses paroles cordiales pour Hillary Clinton mardi soir. Langue de bois contrainte ou volonté sincère d'apaisement ? Les invectives entre les deux hommes qui ont jalonné la campagne rendent assez surréaliste cette "unité nationale" vue de l'extérieur.

 

 

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Pas de programme

 

En même temps, Donald Trump, qui avait pris sa carte au parti démocrate à l'époque de Bush, n'a jamais été effrayé par les changements de cap et Barack Obama, au faîte de sa popularité, ne veut pas manquer sa sortie. Donald "a l'âge de la sagesse", soufflait hier son colistier Mike Pence, soulignant au passage qu'à 70 ans, le milliardaire est le plus vieux Président jamais élu.

 

 

Ce rabibochage au sommet et au nom des intérêts supérieurs dans le Bureau Ovale renforce l'impression de saut dans l'inconnu avec ce chef d'État qui n'a jamais exercé la moindre des fonction publique.

 

 

L'élection de Trump crée une incertitude à un niveau jamais atteint en politique intérieure comme extérieure. Quel est son vrai programme ? Traduira-t-il en actions toutes ses annonces comme la suppression du système de santé public créé par Obama et l'envoi de 20 000 soldats contre Daech ? En même temps, il a promis plus de crédits sociaux et un retrait de l'Otan ? Allez comprendre.

 

 

Lui Président, Trump devra tenir ses promesses les plus fortes : la construction du mur avec le Mexique, l'arrêt de restriction sur le port d'armes, les baisses d'impôts, le dialogue avec Poutine sur la Syrie, le durcissement de l'accord avec l'Iran, ce qui ne déplairait pas à tous les Européens. Ces derniers ne regretteront pas tous les restrictions aux traités de libre-échange qui font grimacer le Canada ?

 

 

 

 

La Bourse joue le court terme

 

Première surprise : le monde de la finance, soutien de la première heure d'Hillary Clinton, a vite digéré. Les indices de Wall Street ont battu un record hier entraînant dans leur sillage les places des continents américains et asiatiques. "S'il tient promesse sur les investissements, le gaz de schiste, les baisses d'impôts, les grands travaux, il donnera un coup de booster à la croissance", tablent les économistes.

 

 

"Les institutions du pays sont suffisamment solides pour compenser le manque d'expérience et les "incertitudes" sur le programme du 45e président des États-Unis", conclut l'agence SP Global ratings, confirmant la note AA+ de la dette américaine. Manière de dire que la haute administration et les banques amortissent les chocs politiques. Autre signal rassurant : le vainqueur de l'élection a rencontré l'homme fort des républicains au Congrès, Paul Ryan, l'un de ses détracteurs. Il doit aider le Président à constituer d'ici le 20 janvier une équipe. Trump a mené campagne avec sa famille et une poignée de proches issus de la télévision, de l'immobilier mais peu aguerris en politique... Pascal Jalabert



12/11/2016
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