le Progrès du vendredi 15 juillet 2016
SOCIÉTÉ - VINGT ANS APRÈS LES POKÉMON VIDÉO, LES PETITS MONSTRES REVIENNENT SUR LES SMARPHONES
La nouvelles application fait entrer la réalité augmentée dans notre quotidien et donnes des ailes à Nitendo. Disponible depuis à peine une semaine, et pas encore officiellement en France, elle fait exploser les serveurs.
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eudi 14 juillet, 15 h au jardin du Luxembourg à Paris. Les chasseurs de Pokémon sont inratables : seuls, en duo ou par petits groupes, ils marchent lentement, les yeux braqués sur leur smartphone. D'un coup, ils s'arrêtent et lèvent leur téléphone à hauteur d'yeux : lancer la Pokéball pour capturer le Roucool ou l'Excelangue qu'ils viennent de trouver demande de l'attention.
Expédition Pokémon
Le jeu gratuit Pokémon Go repose sur la réalité augmentée, cette technologie qui ajoute des éléments virtuels au monde tel qu'il est perçu par les smartphones. Depuis la semaine dernière, il est disponible dans quelques pays dont l'Allemagne mais pas encore en France. Cela n'a pas empêché des milliers de personnes de la télécharger et d'organiser hier à Paris une chasse géante, à l'instar de ce qui s'est déjà fait à New York dimanche dernier.
La chasse parisienne a été interdite par la préfecture de police et le Sénat, installé dans les jardins du Luxembourg, mais il sont plusieurs centaines à avoir bravé l'interdit et les gouttes de pluie : "Une bonne excuse pour se promener" justifie une joueuse.
La chasse prend bien la forme d'une véritable expédition : beaucoup n'avaient jamais mis les pieds dans le jardin du Luxembourg auparavant, certains ont même fait plus de 60 km juste pour participer à l'événement.
Axel et William, 20 et 21 ans, expliquent sortir plus que d'habitude à la recherche de Pokémon : "Tous les soirs quand on rentre du travail, au lieu de faire un jeu vidéo, on sort et on se promène". Grâce au jeu qui fonctionne à partir de la géolocalisation du téléphone, ils ont même découvert certains quartiers juste à côté de chez eux car un "Pokéstop" (qui permet de progresser dans le jeu), associé à un point d'intérêt enregistré par Google Maps s'y trouvait.
Comme Axel et William, les joueurs ont presque tous la vingtaine et sont majoritairement des garçons. Certains sont des fans inconditionnels de Pokémon et ont suivi toutes les actualités depuis l'annonce de la sortie du jeu l'an dernier. Pour d'autres, Pokémon fait partie de leur enfance et ils sont ravis de pouvoir enfin les capturer "en vrai" : "C'est la même ambiance qu'à la récré mais on est grand". La Pokémania est sans limite : hier les serveurs sont tombés en panne dans le jardin du Luxembourg, privé de toute connexion pendant une demi-heure.
Des surprises et des abus
Le jeu donne lieu à des situations incongrues dans le monde entier : des joueuses qui s'embarquent dans un kayak aux États-Unis pour chercher une arène de Pokémon au milieu de la mer, une autre qui découvre un cadavre à la place d'un Pokémon, des braqueurs qui se servent du jeu pour attirer leur victime. Le directeur de l'hôpital d'Amsterdam a promis de "prendre soin" d'une petite créature virtuelle pour que les chasseurs ne s'aventurent pas dans ses locaux.
Les responsables du mémorial de l'ancien camp d'extermination d'Auschwitz ont demandé que plus aucun Pokémon ne soit placé sur le camp ; le directeur du musée de l'Holocauste à Washington a appelé à la décence de la part "des chasseurs".
Malgré les bugs du jeu, l'application connaît un succès inédit : elle compte déjà plus d'adeptes que Tinder, l'application de rencontres, et a été téléchargée plus de 7,5 millions de fois rien qu'aux États-Unis. Pokémon Go a déjà généré plusieurs millions de dollars de revenus : le succès sociétal est aussi économique. Adèle Cailleteau
"C'est sympa d'avoir un jeu vidéo qu vous fait marcher au lieu d'être assis devant son écran de télévision à tenir une manette". Lucas Garcia, 17 ans, Californie
Pokémon Go, mode d'emploi
Où trouver le jeu ?
Officiellement, Pokemon Go n'est pas encore disponible en France. Le jeu est donc introuvable dans les magasins d'applications Android et Apple, mais il possible de l'installer en rusant un peu. Les possesseurs de smartphones Android trouverons ainsi facilement le programme sur internet (attention toutefois à choisir un site digne de confiance). Pour les utilisateurs d'iPone, le truc consiste à créer un second compte iTunes en indiquant comme pays les États-Unis, l'Australie ou la Nouvelle Zélande. À noter que le jeu est gratuit, mais il devrait proposer des achats facultatifs d'objets virtuels.
Comment jouer ?
Capturer les Pokémon - Après avoir créé leur personnage, les monstres présents dans les environs s'affichent sur une carte. Il suffit alors de se rendre dans la zone et de tapoter l'icône du Pokémon le plus proche : le téléphone passe alors en mode réalité augmentée, qui permet de débusquer le Pokémon dans son "environnement naturel". Ne reste plus qu'à l'attraper en le touchant avec une balle virtuelle. On peut récupérer ces dernières dans les "PokéStop", des zones spéciales réparties sur la carte.
Dresser ses Pokémon - Pour rendre ses Pokémon plus puissants, il faudra leur fournir de la poussière d'étoiles et des bonbons propres à chaque espèce.
Prendre le contrôle des arènes - Chaque action fournit de l'expérience au joueur. Passé le niveau 5, ce dernier est invité à rejoindre une des trois équipes (rouge, bleu ou jaune) et peut conquérir des arènes, elles aussi réparties sur la carte. Concrètement, cela consiste à faire combattre ses Pokémon contre le monstre qui a été laissé comme gardien. En cas de victoire, le joueur laisse un Pokémon dans l'arène pour la défendre. L'objectif est de remporter le plus d'arènes possible, et de parvenir à collectionner les 151 Pokémon.
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