le Progrès du vendredi 2 décembre 2016
EUROPE - ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE. L'EXTRÊME DROITE AUX PORTES DU POUVOIR EN AUTRICHE
Norbert Hofer, candidat du FPÖ (extrême droite), pourrait entrer dimanche au palais de Hofburg, et ouvrir ensuite la porte du gouvernement à son parti.
Ils s'affrontaient à nouveau hier soir sur l'ÖRF, la télévision publique, une semaine après un premier débat très tendu : Alexander Van der Bellen, un économiste de 72 ans, issu des rangs écologistes ; et Norbert Hofer, un ingénieur de 45 ans, présenté par le parti d'extrême droite FPÖ (Parti de la liberté d'Autriche). Enjeu de ce "Hofburg Wahl", le palais de Hofburg où réside le président de la République fédérale d'Autriche.
Deuxième second tour !
Les sondages sont prudents, après leurs erreurs du premier tour, et le résultat très serré du second tour... Car le second tour a déjà eu lieu ! Le 22 mai, Norbert Hofer était distancé de 30 863 voix, mais faisait annuler le scrutin. D'abord prévu en octobre, le deuxième tour aura donc lieu dimanche, plus de sept mois après le premier...
Sondages et analystes restent prudents, aussi, car le premier tour a été un séisme. Les candidats des deux grands partis qui se succèdent ou s'allient au pouvoir depuis la guerre, le SPÖ social-démocrate et l'ÖVP conservateur, sont arrivés en 4e et 5e positions, totalisant moins d'un quart des suffrages.
Cette domination sans partage avait généré un système clientéliste, le "Proporz", où les postes étaient répartis selon les étiquettes politiques, sans considération de compétence. Il est perçu depuis des années par les électeurs comme "la source d'un immobilisme politique pesant", qui a favorisé la montée du FPÖ, analyse Patrick Moreau dans "L'Autriche des populistes" (Fondapol). S'y est ajoutée la crise des migrants, dont la principale route terrestre vers l'Allemagne passe par les Balkans et l'Autriche.
L'Union européenne retient son souffle devant la possible accession de l'extrême droite à la présidence d'un État membre.
Coalition avec la gauche ?
Il y a quinze ans, elle avait mis l'Autriche en quarantaine pour avoir formé un gouvernement de coalition entre conservateurs et FPÖ - sans aucun succès. Elle tente aujourd'hui de se rassurer, en rappelant que le président autrichien a peu de pouvoir. C'est vrai, et faux à la fois. Il peut de fait provoquer des élections, qui auraient toutes les chances de donner au FPÖ une majorité relative au parlement.
Et après ? On parle à Vienne d'une coalition entre le FPÖ et les socio-démocrates du SPÖ. Les deux partis gouvernent déjà ensemble la région du Burgenland.
Et le FPÖ, dont les racines sont clairement nazies, défend aujourd'hui, un peu comme le Front national français, un programme à la fois "social" et "national" qui séduit l'électorat populaire naguère de gauche. À suivre...
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