le Progrès du vendredi 22 juillet 2016
VIE QUOTIDIENNE - UN PREMIER BILAN SUR L'EXTENSION DES OUVERTURES DOMINICALES
Les commerces de plus en plus ouverts le dimanche
Belfort, Lyon, Annecy... Partout en France, les villes augmentent le nombre de dimanches où les magasins peuvent ouvrir. Une révolution lente et discrète, confirme l'état des lieux que nous publions.
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est bien connu, les évolutions les plus importantes ne sont pas les plus bruyantes Ainsi de l'ouverture des magasins le dimanche : loin des polémiques sur quelques grands magasins parisiens, qui polarisent l'attention des médias, également parisiens, un nombre toujours plus grand de villes autorise ces ouvertures dominicales.
Olivier Babeau, professeur en stratégie, auteur du Travail le dimanche (Eska)
"Le travail dominical cristallise les inquiétudes"
le travail le dimanche est un très, très vieux débat...
"Il est lié à l'État catholique : le dimanche était le jour de pratique du culte. Il était donc interdit de travailleur, un peu sur le modèle du shabbat juif. Mais très vite sont apparues des transgressions, des exceptions, avec par exemple des marchés autorisés en face des églises.
La Révolution abolit le dimanche comme un symbole de l'Ancien régime. Après bien des péripéties, la République refixe en 1906 le dimanche comme jour chômé pour tout le monde. Sans justification religieuse, bien sûr, mais pour le respect de la vie de famille, et des raisons d'ordre public : imposer un jour chômé commun à tous permet de mieux contrôler les ouvriers".
Autre caractéristique de ce sujet : il est très idéologique...
"Oui, et c'est l'un des rares sujets sur lequel les syndicats "marxistes" et l'Église se rejoignent ! Il est très passionnel aussi, car il cristallise toutes les inquiétudes autour de l'évolution du travail au XXIe siècle. Le numérique permet d'avoir des "magasins" ouverts en permanence, et fait exploser les rythmes sociaux, de plus en plus individualisés. Pour beaucoup de syndicats, ouvrir la porte du travail dominical, c'est comme ouvrir la brèche dans le barrage".
Peut-on imaginer que le dimanche devienne un jour comme les autres ?
"Je ne crois pas du tout à la banalisation du dimanche. En Suède, le travail du dimanche est banalisé depuis les années 70, mais n'a pas altéré le rythme sociologique traditionnel et la coupure dominicale. Il est très rare de travailler tous les dimanches, et la plupart des gens continueront de ne pas travailler le dimanche". Propos recueillis par Francis Brochet
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