Les inégalités se creusent
SOCIAL - Les inégalités se creusent en France selon l'enquête de l'INSEE sur les revenus et le patrimoine des ménages. Le niveau de vie médian des Français est de 1 630 euros par mois. La moitié des ménages épargnent plus de 13 % de leurs revenus. Avec la crise, la pauvreté progresse et il devient plus difficile d'en sortir.
Les riches sont de plus en plus riches. Les pauvres, de plus en plus pauvres. Les inégalités continuent de progresser en France, selon l'enquête "revenus et patrimoine de ménages" de l'INSEE, publiée hier, qui porte sur 2011 (dernières statistiques disponibles).
Le niveau de vie médian des Français (revenu net d'impôts) est stable à 1630 euros par mois en 2011.
Les 10 % des personnes les plus modestes vivent avec moins de 10 530 euros par an (environ 877 euros par mois).
Les 10 % les plus aisées avec 37 450 (environ 3 120 euros par mois), soit 3,6 fois plus que les plus modestes.
Les inégalités progressent car le niveau de vie diminue dans le bas de l'échelle des revenus, alors qu'il augmente pour les revenus les plus élevés.
En effet, les 40 % des personnes les plus modestes ont vu leur niveau de vie diminuer entre - 0.2 % et - 0,8 %, alors qu'à l'inverse, les 40 % des plus riches ont vu le leur augmenter entre + 0,1 % et + 0,8 %.
"Avec leur rebond en 2011, les revenus du patrimoine portent l'essentiel de la croissance des très hauts revenus", note l'Insee. A l'opposé, le taux de pauvreté continue d'augmenter (+ 0,3 point) mais à un rythme moins rapide qu'en 2009 et 2010 (+ 0,5 point ces deux années) pour s'établir à 14,3 % de la population de France métropolitaine.
La pauvreté touche d'abord les chômeurs et les salariés. "Une telle hausse du taux des personnes pauvres parmi les salariés n'avait pas été enregistrée depuis 2007. Elle s'explique par une quasi-stabilité des bas salaires en euros constants", note l'Insee.
Les inégalités de revenus se perpétuent dans les dfférences de patrimoine. "L'épargne est très concentrée dans la population", observe Cédric Houdré, de l'Insee. Un quart de la population française dépense plus qu'il ne gagne (13 % de dépenses supérieures aux revenus disponibles). A l'opposé, 25 % des Français mettent de côté plus de 33 % de leurs revenus annuels.
L'Insee pointe une "persistance de la pauvreté en France". Entre 2009 et 2010, 18 % de la population a connu la pauvreté (960 euros en 2010). Il est plus difficile d'en sortir qu'en 2005. Toutefois, tempère l'Insee, "le taux de pauvreté monétaire en France reste inférieur à la plupart des autres pays de l'Union européenne". Par ailleurs, 30 % des personnes qui rentrent dans la pauvreté y restent au moins trois ans.
Les cadres et les professions intermédiaires en sortent en moyenne plus vite. Mais plus longtemps dure cet état de pauvreté, plus il est difficile d'en voir la fin, toutes catégories socioprofessionnelles confondues. Elodie Bécu
--------------------------------- Questions à Louis Maurin -----------------------------
Directeur de l'Observatoire des inégalités
"Les moins qualifiés sont les plus pénalisés"
La hausse du chômage est considérable. Les moins qualifiés sont les plus pénalisés. Au-delà des différences de patrimoine - reflet des inégalités de revenu - se pose le problème des inégalités de diplôme. On sous-estime dans le débat public la question du patrimoine culturel. Or, elle est essentielle dans un pays qui sur-valorise le diplôme.
Certaines inégalités s'accroissent par une accumulation des différences de revenu dans le temps. C'est le rôle de la politique fiscale de permettre une redistribution. Il y a une énorme déceptio dans la population française qui s'attendait à ce que les choses changent. Après la présdientielle, les gens étaient, je crois, prêts à une vrai débat sur les efforts que nous avions tous à faire pour préserver notre modèle social, à s'interroger ensemble sur les besoins réels de notre pays et comment les financer.
Aujourd'hui, c'est trop tard. C'est une occasion manquée. Par ailleurs, pour lutter contre les inégalités de diplôme, il faut une réforme en profondeur de l'Education nationale. Je ne parle pas des rythmes scolaires, mais bien de ce qu'on apprend à l'école et comment on l'enseigne aux enfants.
Je pense qu'il y a u n décalage entre les politiques - de gauche comme de droite - et les attentes des Français. Nous venons d'ailleurs de mettre en ligen un outil pour voir ce que vous pourriez financer avec 46 milliards d'euros. Tentez l'expérience en allant sur www.inegalites.fr vous verrez, vous aurez des surprises ! Recueilli par E.B.
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