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Guerre et paix... puis invasion touristique
En 1991, les électeurs de la région de Dubrovnik votèrent, presque à l’unanimité, pour la république libre de Croatie. Pour arrêter ce processus d’indépendance, l’armée yougoslave déclara la guerre aux Croates. Composée en majorité de Serbes et de Monténégrins, elle lança une attaque d’une extrême violence (à la fois terrestre, maritime et aérienne) sur Dubrovnik. Son objectif : annexer coûte que coûte toute la région de Dubrovnik à la « Grande Serbie », en chassant les Croates de leurs terres.
Le 6 décembre 1991, l’artillerie serbe bombarda sans répit la ville depuis le sommet du mont SrÄ‘. La cité fut assiégée pendant 6 mois. Dans les alentours, de nombreux villages et des milliers de maisons furent occupés par les soldats serbes et monténégrins. Près de 33 000 personnes durent quitter leur maison.
Le monde entier assista, impuissant, à cette agression sauvage de la « perle de l’Adriatique », pourtant classée par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité. Entre octobre 1991 et août 1995, près de 200 combattants de Dubrovnik furent tués, tous très jeunes. Près de 100 civils périrent lors des bombardements.
Des obus frappèrent les églises, les palais, les demeures historiques. Un bâtiment sur 3 fut touché. Ironie de l’histoire, pas un morceau de rempart ne fut démoli : les Serbes ont pris garde à préserver cette manne touristique qu’ils convoitaient ! « La Liberté ne se vend pas, même pour tout l’or du monde », telle est la devise ancestrale de cette cité courageuse, qui s’est battue toute seule pour assurer son salut.
Le retour du tourisme a permis un regain de la prospérité, mais ce succès, largement mérité, est devenu excessif avec le passage quotidien de 3 énormes paquebots de croisière de 3 000 à 5 000 passagers chacun. Mais en 2019, il a été annoncé que seuls 2 navires seraient autorisés à décharger une cargaison de 5 000 passagers maximum.
Ce qui n’est pas sans conséquences : excédés par les tarifs en hausse continuelle et par les foules innombrables qui engorgent les rues en saison (et la saison, à Dubrovnik, dure bien jusqu’à fin octobre), ses habitants délaissent de plus en plus la vieille ville au profit des quartiers périphériques. Dubrovnik est plus que jamais une ville-musée, mais pour laquelle une régulation du flot touristique est vivement souhaitable.
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