La Gaule romaine
L'empereur Auguste organise la Gaule en quatre provinces : à la Narbonnaise suffisamment romanisée pour devenir une province sénatoriale, il ajoute la Gaule aquitaine, la Gaule lyonnaise et la Gaule belgique. Les limites des Gaules dépassent largement celles de la France actuelle, principalement en ce qui concerne la Gaule Belgique. Lyon est choisie comme capitale des Gaules.
Les provinces gauloises dans l'Empire romain au début du IIe siècle
L'assimilation des Gaules est rapide. En 48, l'empereur Claude donne accès au Sénat romain aux notables gaulois, comme le montrent les Tables de Lyon.
Le développement du réseau routier, la pacification sur le Rhin et en Bretagne favorisent l'essor économique. Pierre Gros résume ainsi l'impact de la présence romaine « la conquête romaine qui a entraîné l'entrée dans les temps historiques, a modelé pour des siècles le paysage rural, établi ou aménagé les principaux axes de communication, urbanisé d'immenses terroirs, défini les territoires administratifs. »22
L'urbanisation généralisée voit le développement de nombreuses cités, organisées sur le mode des municipes italiens, villes qui toutes perdurent encore de nos jours, tandis que les campagnes se couvrent de bourgades (vici) et de grandes exploitations agricoles (villae). La Gaule est alors avec l'Égypte le secteur le plus peuplé de l'Empire romain, avec une population estimée à 7 millions d'habitants23.
Le développement économique bénéficie des siècles de Pax Romana : l'extension des vignes en Aquitaine, dans la vallée du Rhône et de la Saône et même dans celle de la Moselle est telle qu'elle concurrence les vins italiens. Des artisans italiens installés en Gaule créent une industrie de la céramique sigillée prospère (par exemple à La Graufesenque). L'artisanat gaulois produit aussi en abondance des objets en bois, des vêtements de laine et exporte vers les grands centres de consommation en Italie, sur le Rhin et le haut Danube23.
Les échanges ne se limitent pas aux biens matériels : à côté des cultes populaires du nombreux panthéon gaulois, apparaissent dans les villes d'autres religions d'origine orientale : culte de Mithra, de Cybèle, de Jésus, attesté à partir de 177 (cf. les Martyrs de Lyon). Ce dernier culte deviendra prépondérant dans les milieux urbains à partir du IVe siècle.
Le IIIe siècle voit se succéder les crises et les guerres civiles sur le sol gaulois. À partir du milieu du IIIe siècle, en 258, Francs et Alamans franchissent le Rhin et pillent la Gaule à plusieurs reprises. Un éphémère empire des Gaules (terme impropre), sans que celui-ci ait un caractère national, est créé par Postumus, bientôt assassiné par ses soldats. Dès le IIe siècle la Gaule est touchée par l'affaiblissement démographique, le déclin des villes, le ralentissement du commerce et de la circulation monétaire.
La situation militaire est rétablie à la fin du IIIe siècle, et le dispositif défensif sur le Rhin incorpore de plus en plus de contingents germaniques installés avec leurs familles. Des groupes de Francs en Gaule Belgique et d'Alamans en Alsace servent comme troupes auxiliaires fédérées, et certains officiers francs mènent de brillantes carrières au sein de l'Empire romain.
Cinq siècles de romanisation laissent de profondes marques sur les Gaules : des langues (occitan et français), un droit écrit et dégagé de tout principe religieux, des villes, une religion (le catholicisme), et même des habitudes quotidiennes (le pain, la vigne et le vin). Malgré ces apports fondamentaux qui rangent la France dans les pays de culture latine, l'histoire de France a longtemps négligé cette période, et la néglige parfois encore24.
Les migrations germaniques (Ve siècle)
Dans la nuit du 31 décembre 406 les peuples vandales, suèves, alains et d'autres peuples germaniques franchissent la frontière sur le Rhin, malgré la défense des auxiliaires francs, puis en 412 les Wisigoths franchissent les Alpes et atteignent l'Aquitaine. Le pouvoir impérial romain leur cède des territoires puis disparaît en 476.
Les structures de l'Empire se défont en Gaule, le pouvoir politique passe aux mains de royaumes barbares avec leurs propres lois, leur propre religion, l'arianisme ou le polythéisme. Le danger que représentent les Huns, suscite une alliance temporaire des occupants de la Gaule. En 451, Aetius prend la tête d'une coalition romano-barbare qui stoppe le raid de pillage des Huns commandés par Attila aux champs Catalauniques25.
Cette bataille, qui fut bien loin d'anéantir les Huns, fut magnifiée par les historiens et enrichie de l'épisode de sainte Geneviève encourageant les Parisiens à la résistance face à Attila26.
Au milieu de ces royaumes barbares, wisigoth, alaman, burgonde ou franc, un Romain, Syagrius, parvient à maintenir entre Seine et Loire une portion détachée de l'Empire comme son bien propre et se fait donner le titre de roi des Romains27. Des réfugiés venus de Bretagne (l'actuelle Angleterre) s'installent en Armorique, qu'ils rendent indépendante du reste de la Gaule pour plusieurs siècles.
Les élites gallo-romaines encore présentes dans les villes en assurent la direction locale, et fournissent de nombreux évêques, protecteurs de leur communauté face aux malheurs de l'époque, interlocuteurs du pouvoir militaire des rois germaniques qui se partagent la Gaule et derniers représentants de la culture romaine. Citons parmi ceux-ci Avit de Vienne, Nizier de Lyon, Remi de Reims, Grégoire de Tours.
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