Franceinfo - le mercredi 24 janvier 2018
"C’est de la haine, il n'y a pas d’autres mots" : des policiers racontent leur relation avec la population française
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Applaudies après les attentats de 2015, les forces de l'ordre constatent depuis une désaffection de la population à leur égard. Témoignages
"On a une partie de la population qui ne nous aime pas. C'est de la haine, il n'y a pas d'autres mots", décrit une policière auprès de franceinfo. La relation entre la police et la population française est parfois contradictoire, entre amour et haine. C'est ce sur quoi se penchent, entre autres, les sociologues Jérémie Gauthier et Fabien Jobard dans Police : questions sensibles, un livre qui paraît mercredi 24 janvier aux éditions PUF.
"On a un gros taux d'adhésion de la population à sa police. Lors des attentats, on a des phénomènes d'augmentation de ce soutien. Mais on constate depuis quelques temps une dégradation des conditions d'adhésion des Français à ce que fait la police. C'est ressenti par les collègues et c'est difficile à accepter", déplore auprès de franceinfo Stéphane Liévin, policier et délégué du syndicat Unité SGP Police-FO.
Il y a pas mal de petits gestes positifs qui malheureusement sont noyés dans le flot d'insultes quotidien.
Un policier de la région parisienneà franceinfo
Des expériences "difficiles à vivre"
Plusieurs policiers interrogés par franceinfo racontent des moments "difficiles à vivre". Une major de police se souvient par exemple avoir été reconnue dans la rue, alors qu'elle se baladait en famille, par des enfants qui l'ont "traitée de sale pute de flic". "Je suis allée les voir j'ai dit : 'Il y a un souci ? - Non madame, excusez-nous. - Pourquoi tu as crié ça ? - Je sais pas, quand vous passez dans le quartier c'est comme ça, on crie.'", rapporte-t-elle. "C'était presque de l'instinct", regrette cette policière. Après ce genre d'incidents, elle l'affirme : il ne faut pas se laisser affecter. "Sinon, on a du mal à s'en sortir. Ça met en jeu des émotions, on peut très mal le vivre."
Stéphane Liévin explique ce désamour par un manque de proximité avec la population, conséquence lui-même du manque d'effectifs. "Le contribuable ne se retrouve plus dans l'action de la police au quotidien, parce qu'il a l'impression qu'elle est plus là pour sanctionner, verbaliser, et qu'elle est moins présente lorsqu'il en a besoin", décrit-il. Il donne un exemple : "Quand vous avez un opérateur police secours qui reçoit des appels et qu'il sait très bien qu'il n'a pas de véhicule à envoyer sur les interventions, c'est une réalité qui est difficile à vivre. Sur le terrain, ce sont des collègues à qui la population fait le reproche de ne pas être intervenus."
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