Franceinfo - le vendredi 14 décembre 2018
La crise des "gilets jaunes" expliquée aux enfants
Un article que tu peux aussi conseiller à tes parents...
Les "gilets jaunes" manifestent, partout en France, depuis le 17 novembre 2018. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Depuis le 17 novembre 2018, tu peux voir à la télévision des images, parfois violentes, d'hommes et de femmes portant un gilet jaune manifester dans toute la France. Ils bloquent les ronds-points et défilent dans les villes (Bordeaux, Nantes, Toulouse, Paris...) chaque week-end depuis quatre semaines. Mais pourquoi les "gilets jaunes" manifestent-ils ? Que demandent-ils ? Ont-ils un comportement dangereux ? Franceinfo t'explique qui sont les "gilets jaunes" pour mieux comprendre une actualité dont tous les grands parlent.
Qui sont les "gilets jaunes" ?
Ce sont des hommes et des femmes de tous les âges. Ils habitent dans des villes ou des villages, partout en France. Certains travaillent, d'autres sont au chômage. Il y a aussi des retraités. Leur point commun est d'être en colère contre le gouvernement.
Les "gilets jaunes" ont commencé à bloquer des ronds-points le samedi 17 novembre 2018. Ce sont des hommes et des femmes de tous les âges, des actifs et des retraités habitant partout en France. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Leur colère a été déclenchée par l'annonce, en octobre, d'une nouvelle augmentation du prix des carburants. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour ceux qui vont rapidement s'appeler les "gilets jaunes".
Pourquoi sont-ils en colère ?
Les "gilets jaunes" sont en colère parce qu'ils estiment acheter de plus en plus cher des choses dont ils ne peuvent pas se passer, comme le carburant. Ils ont le sentiment que leur pouvoir d'achat diminue et qu'ils payent de plus en plus de taxes et d'impôts.
Il y a une forte inquiétude chez les Français de voir se creuser le fossé entre riches et pauvres. C'est notamment le cas pour les gens qui habitent loin des grandes villes.
Policiers et CRS sont présents constamment sur les points de rassemblement des "gilets jaunes" pour assurer le maintien de l'ordre. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Pourquoi portent-ils un gilet jaune ?
Un gilet jaune, c'est facile à trouver. Tout le monde en a un dans sa voiture, c'est même obligatoire depuis 2008. Ici, les gens l'utilisent comme un symbole, un objet qui fait penser à quelque chose de précis : leur révolte contre la hausse du prix des carburants.
Pourquoi sont-ils sur les ronds-points ?
Quant aux ronds-points, il y en a partout en France. C'est même le pays où il y en a le plus au monde. En ville comme à la campagne, les ronds-points sont faciles à occuper. Les "gilets jaunes" y mettent en place des barrages filtrants, laissant passer les véhicules prioritaires, comme les ambulances ou les pompiers. Ils bloquent également, en position levée, les barrières de certains péages, rendant les autoroutes gratuites. Ils barrent aussi la sortie de certains sites de production comme des raffineries.
Les "gilets jaunes" bloquent en priorité les ronds-points, depuis le 17 novembre 2018, en mettant en place des barrages filtrants. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Comment le mouvement est-il né ?
Deux personnes, principalement, sont à l'origine du mouvement de contestation. D'un côté, une gérante de boutique en ligne de cosmétiques, Priscilla Ludosky, âgée de 32 ans. De l'autre, un chauffeur routier de 33 ans, Eric Drouet. La première a lancé une pétition, en mai, pour dénoncer le fait que les deux tiers du prix des carburants sont dus aux taxes de l'Etat. En octobre, un article dans le journal La République de Seine-et-Marne a mis en lumière cette pétition, qui comptabilise 1 139 760 signatures à la date du 12 décembre.
Le second, furieux contre l'augmentation du prix à la pompe, décide, au même moment, de lancer un rassemblement sur le périphérique parisien, avec son association d'automobilistes, le Muster Crew. Eric Drouet prend connaissance de la pétition de Priscilla Ludosky. Ils conviennent alors de faire cause commune sur les réseaux sociaux.
Jacline Mouraud est devenue l'une des porte-parole des "gilets jaunes, à la suite d'une vidéo postée le 18 octobre 2018 sur Facebook, vue plus de 6 millions de fois. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Dans le même temps, Jacline Mouraud, hypnothérapeute de 51 ans, publie, le 18 octobre, une vidéo dénonçant "la traque des conducteurs". Cette vidéo a été vue plus de 6 millions de fois et la propulse comme l'une des porte-parole des "gilets jaunes". Des groupes, partout en France, s'organisent alors, notamment sur Facebook, pour le blocage du 17 novembre. Le mouvement est lancé et depuis il s'amplifie en s'appuyant sur les réseaux sociaux.
Que demandent-ils ?
Tu as sûrement entendu des "gilets jaunes" crier "Macron démission". Une façon pour eux de dire qu'ils ne sont pas contents et qu'ils veulent qu'on les entende. Mais pour être plus efficaces, ils ont écrit une liste de revendications. Ce sont des choses qu'ils demandent au président, Emmanuel Macron.
Les "gilets jaunes" expriment leur colère contre le gouvernement avec de nombreux slogans. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Parmi toutes leurs demandes, ils veulent que plus personne ne dorme dans la rue ; que le prix du carburant baisse ; que si le coût de la vie augmente, les salaires doivent également augmenter ; qu'il n'y ait plus de retraite en-dessous de 1 200 euros par mois ou encore qu'il n'y ait pas plus de 25 élèves par classe, de la maternelle au lycée.
Pourquoi certains "gilets jaunes" cassent des magasins ?
En France, on a le droit de manifester. C'est même inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. De nombreux "gilets jaunes", qui utilisent ce droit, le font dans le calme et sans casser.
Des casseurs sont régulièrement présents dans les manifestations des "gilets jaunes", détruisant ou détériorant du mobilier urbain, des voitures et des magasins. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Mais des casseurs viennent dans les rassemblements pour détruire. Violents, ils brisent des vitrines de magasins, brûlent des voitures, détruisent du mobilier urbain, comme des abris de bus, notamment à Paris, mais aussi à Bordeaux ou à Toulouse. 1 385 personnes ont été interpellées et 974 placées en garde à vue pour la seule journée du samedi 8 décembre.
Des mouvements politiques ont également rejoint les rangs des "gilets jaunes" où ils ne sont pas toujours bien acceptés. Certains en profitent pour diffuser leurs idées extrêmes.
Ça va durer encore longtemps ?
Le soir même de la première journée de mobilisation, le 17 novembre, des "gilets jaunes" ont mis en place des roulements pour assurer une présence continuelle sur les lieux de blocage, notamment sur les rond-points. Depuis, ils enchaînent les manifestations le samedi dans les rues de nombreuses villes. Le 24 novembre devient l'acte 2, le 1er décembre l'acte 3 et le 8 décembre l'acte 4.
Le président, Emmanuel Macron, s'est adressé aux "gilets jaunes", lundi 10 décembre, à 20 heures. (GUILLEMETTE JEANNOT / FRANCEINFO)
Après être resté silencieux depuis le 27 novembre, le président a fait quatre annonces aux "gilets jaunes", lundi 10 décembre. Tous n'ont pas été convaincus par les mots d'Emmanuel Macron. Certains préparent un acte 5 pour le samedi 15 décembre, comme l'indiquent différentes pages Facebook de "gilets jaunes". Mais l'attentat perpétré mardi 11 décembre à Strasbourg pourrait changer la donne. Face à la menace terroriste, le gouvernement appelle les "gilets jaunes" à être "raisonnables" et à "ne pas manifester".
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