Franceinfo - le lundi 24 juin 2019
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les Outre-mer, sans oser le demander
Que se cache-t-il derrière "les Outre-mer" ? De quels territoires s'agit-il ? Quels sont les réalités géographiques, démographiques et socio-économiques qui se trouvent derrière la carte postale ? La1ere.fr vous propose un gros plan pour mieux comprendre.
Géographie
Les Outre-mer, qu'on appelait autrefois les Dom-Tom, sont douze territoires répartis dans trois océans (Atlantique, Indien, Pacifique). Cliquez sur la carte interactive ci-dessus pour accéder à la fiche d'identité de chacun des territoires. Pour les territoires situés dans la Caraïbe, cliquez sur la carte agrandie ci-dessous :
Chômage, inégalité
Les départements et collectivités d’Outre-mer comptent environ 2,75 millions d’habitants, soit 4,1 % de la population française. Mal connus dans l’Hexagone, les Outre-mer possèdent de nombreux atouts (climat, biodiversité, culture, jeunesse) mais aussi de nombreux handicaps.Conflits sociaux
La question de la vie chère est d’ailleurs un thème qui revient régulièrement Outre-mer et qui a entrainé des mouvements sociaux, parfois explosifs. Mouvements de protestation aux Antilles et à La Réunion en 2009, en 2017 en Guyane, en 2018 à Mayotte et à La Réunion avec les gilets jaunes très actifs dans l’île de l’océan Indien. Retrouvez ici notre grand format "2008-2018 : les Outre-mer en colère. 10 ans de colère contre la vie chèreDémographie
En un peu plus d’un siècle, la population de la France d’Outre-mer a explosé. En 1900, on comptait 600 000 habitants. En 2018, les départements et collectivités d’Outre-mer abritent 2,75 millions d’habitants. Mais cette croissance démographique est très hétérogène.Urbanisaton massive
Par ailleurs, on assiste Outre-mer à un exode rural massif. Les habitants des Outre-mer se concentrent dans les grandes villes. Papeete en Polynésie attire les jeunes des îles en quête de travail. La moitié de la population de cet immense archipel de 118 îles se concentre dans cette ville. Deux tiers des habitants de la Nouvelle-Calédonie vivent dans le grand Nouméa qui attire aussi les habitants des îles Loyauté. Respectivement un Martiniquais, un Guadeloupéen et un Guyanais sur deux habitent à Fort-de-France, Pointe-à-Pitre et à Cayenne.
Histoire
La conquête des territoires qui constituent aujourd’hui l’Outre-mer français s’est faite en deux temps. De 1536 à 1664, la France s’est emparée de la Guadeloupe (1635), la Martinique (1635), la Guyane (1664), La Réunion (1638), Saint-Martin (1648), Saint-Barthélemy (1648) et Saint-Pierre et Miquelon (1536). De 1840 jusqu’au début du 20e siècle, la Polynésie (entre 1842 et 1889), la Nouvelle-Calédonie (1853), Wallis et Futuna (1887) sont devenues progressivement des territoires français.
Cette histoire a été mouvementée, parfois sanglante. Le lourd passé de l’esclavage a marqué à jamais des îles telles que la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion ainsi que le vaste département de la Guyane.En 1685, le code noir légalisait les châtiments corporels et stipulait que les enfants d’esclave naissaient esclaves. Les Indiens Caraïbes n’ont pas résisté aux maladies importées par les Européens. Le même phénomène s’est produit en Polynésie ou les populations des nombreuses îles des cinq archipels polynésiens ont été décimées. Les Polynésiens n’étaient pas immunisés contre ces nouveaux microbes venus de France ou d’ailleurs.
© MCOHEN/AFP Image d'archives du pont d'un bateau négrier, où des esclaves sont fouettés devant l'équipage (Musée d'Aquitaine, Bordeaux)
En Nouvelle-Calédonie, les Kanak ont vécu de manière brutale les spoliations de terres. Des clans ont été déracinés, obligés de quitter leurs lieux de vie. Certains kanak se sont même retrouvés en France dans des zoos humains lors d’expositions coloniales.
L’exploitation de ces nouveaux territoires s’est faite au bénéfice de la métropole. L’Outre-mer servait à alimenter la France en matières premières : canne à sucre, coton, tabac, café, coprah, vanille puis banane.
© AFP Essais nucléaires en Polynésie
A partir de 1864, le nickel a commencé à être extrait en Nouvelle-Calédonie. Cent ans plus tard, le centre spatial guyanais a vu le jour en Guyane. La Polynésie a, de son côté, servi de centre d’expérimentation pour les essais nucléaires de 1966 à 1996 : 181 explosions nucléaires se sont déroulées dont 41 aériennes.
© JODY AMIET / AFP
Statuts
À partir de 1946, la France compte quatre départements d’Outre-mer : la Guadeloupe (971), la Martinique (972), la Guyane (973) et La Réunion (974). En 2011, Mayotte est devenu le 5e département d’Outre-mer et le 101e département français.
Depuis la révision constitutionnelle de 2003, les collectivités d‘Outre-mer bénéficient de "statuts à la carte". Terminés, les "DOM-TOM". Exemple depuis 2015, la Guyane et la Martinique ont fusionné leurs conseils régionaux et généraux. Localement, on parle désormais de la CTG, Collectivité Territoriale de la Guyane et de la CTM, Collectivité Territoriale de la Martinique.
© COM La salle de délibérations de la CTG
La Polynésie est une collectivité d’Outre-mer qui jouit de beaucoup d’autonomie. Elle a son président, Edouard Fritch, son gouvernement, son assemblée élue tous les cinq ans, ses propres signes identitaires (drapeau, hymne).
La Nouvelle-Calédonie dispose d’un statut tout à fait particulier qui relève de l’article XIII de la Constitution. Cette singularité trouve son origine dans l’histoire du caillou. Les événements de 1988 opposant les indépendantistes aux loyalistes ont conduit aux accords de Matignon puis de Nouméa. Ces derniers ont introduit des innovations telles que la citoyenneté néo-calédonienne et la possibilité de prendre des lois de pays.
Wallis et Futuna, Saint-Pierre et Miquelon, Saint-Martin et Saint-Bartélemy sont également des collectivités d’Outre-mer. Ces deux dernières îles ont choisi de se détacher de la Guadeloupe lors du référendum du 7 décembre 2003. Les Terres australes et antarctiques française (TAAF) ont été agrandies en 2007 avec le rattachement des îles Eparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa, et Bassas da India). Ces terres non peuplées sont administrées depuis Saint-Pierre de La Réunion.
Environnement et biodiversité
Grâce aux Outre-mer, la France possède le deuxième domaine maritime mondial. C’est à la fois une chance au niveau économique, mais c’est aussi une lourde responsabilité.
© GREGORY BOISSY / AFP L'atoll Toau dans l'archipel des Tuamotu (Polynésie)
Avec ses Outre-mer, la France abrite 10% des récifs coralliens (4e rang mondial avec 55 000 km2) répartis dans dix collectivités (Guadeloupe, Martinique, Mayotte, La Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Wallis-et-Futuna et les îles Éparses). Or les coraux sont particulièrement malmenés ces dernières années du fait du réchauffement climatique et des activités humaines. Une mission comme "Tara expéditions" a mis en évidence cette fragilité.
Avec la Polynésie, la France est aussi l’un des Etats qui possèdent le plus d’atolls. Or ces îles très basses sont particulièrement vulnérables à la montée du niveau des mers. En rassemblant 80 % de la biodiversité française, les Outre-mer sont un formidable atout pour le pays. Elles font de la France la seconde Zone Economique Exclusive au monde.
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