Franceinfo - le mardi 22 octobre 2019
Incendie du bar Cuba Libre en 2016 : les deux gérants condamnés à cinq ans de prison, dont trois ferme
Quatorze personnes étaient mortes dans l'incendie qui s'était déclaré dans le sous-sol de ce bar de Rouen, en août 2016
Le tribunal correctionnel de Rouen (Seine-Maritime) a condamné, mardi 22 octobre, les deux gérants du bar Cuba Libre à cinq ans de prison, dont trois ferme. Les frères Nacer et Amirouche Boutrif, 48 et 40 ans, étaient jugés pour "avoir involontairement causé la mort" de 14 personnes et en avoir involontairement blessé cinq autres grièvement, lors de l'incendie de l'établissement, en août 2016. Les deux prévenus "ont violé plusieurs obligations de prudence ou de sécurité imposées par la loi et le règlement", a déclaré la présidente du tribunal. "Ces violations sont à l'origine de l'incendie qui est la cause directe et certaine" des décès et des blessures des clients du Cuba Libre.
Le bar s'était transformé en "souricière"
Dans la nuit du 5 au 6 août 2016, un incendie s'était déclaré dans ce bar où les victimes fêtaient les 20 ans d'une jeune femme. Dans le sous-sol de l'établissement, aménagé sans autorisation en boîte de nuit, deux bougies du gâteau d'anniversaire, des fontaines à étincelles, avaient enflammé le plafond de l'escalier. Certains participants étaient parvenus à s'échapper, mais l'incendie avait provoqué un mouvement de panique dans le sous-sol, dont l'unique issue de secours était verrouillée. En outre, les plafonds de cette cave étaient recouverts de plaques de mousse insonorisante en polyuréthane, matière extrêmement inflammable, ce qui avait entraîné une propagation rapide des flammes.
Lors du procès, en septembre, trois jeunes survivants ont raconté l'horreur vécue la nuit du drame. Les pompiers intervenus sur l'incendie ont aussi décrit comment le bar était devenu "un piège", "une souricière" pour les victimes, dont la plupart avaient entre 18 et 25 ans.
Le procureur de Rouen, Pascal Prache, avait évoqué un "drame épouvantable" et relevé "dix manquements à la sécurité". Pour le procureur, les gérants avaient "essayé de se faufiler entre les dispositions réglementaires selon le principe du 'pas vu, pas pris'". Nacer, l'aîné des frères Boutrif et gérant principal du bar, avait admis devant le tribunal des manquements aux règles. Il avait ainsi reconnu ne pas avoir entrepris de démarches auprès de la mairie avant d'aménager le sous-sol de l'établissement.
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