Franceinfo - le lundi 11 février 2019
Algérie: la nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika
Le président sortant, âgé de 81 ans et au pouvoir en Algérie depuis deux décennies, a mis fin à des mois de spéculation en annonçant le 10 février 2019 qu'il briguerait un cinquième mandat en avril. Et ce malgré des problèmes de santé qui l'ont considérablement affaibli. Il sera le grandissime favori du scrutin
Le président Abdelaziz Bouteflika recevant la chancelière Angela Merkel à Alger le 17 septembre 2018 (HANDOUT / APS)
Systématiquement réélu au 1er tour avec plus de 80% des voix, le chef de l'Etat algérien a rendu publique sa candidature à la présidentielle du 18 avril 2018 dans un "message à la Nation" diffusé par l'agence officielle APS. Il y devance les critiques sur son état de santé. Lequel le rend inapte à gouverner, selon certains de ses opposants.
"Je n'ai plus les mêmes forces physiques qu'avant, chose que je n’ai jamais occultée à notre peuple, mais la volonté inébranlable de servir la Patrie ne m'a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté", explique-t-il dans ce message.
Cloué dans un fauteuil roulant par un accident vasculaire cérébral (AVC) depuis 2013, Abdelaziz Bouteflika n'apparaît plus que rarement en public -la dernière fois le 1er novembre 2018- et ne s'exprime plus publiquement. En 2014, c'est son Premier ministre Abdelmalek Sellal qui avait annoncé sa candidature.
Le 2 février, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, chef du Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du FLN, avait déjà estimé que l'état de santé de chef de l'Etat n'empêchait "pas sa candidature". "Il a remporté la présidentielle en avril 2014 dans ce même état", avait-il souligné, prévenant que ce dernier n'animerait pas sa campagne. "Sa santé ne le lui permet pas et il n'en a pas besoin car le peuple le connaît", avait-il plaidé.
"Vaste chantier"
Elu pour la première fois en 1999, le président algérien explique qu'il s'est d'abord "consacré (...) à rassembler de nouveau une nation meurtrie par la tragédie nationale et à engager la reconstruction d'un pays ébranlé par une crise multiforme". Une allusion à la sanglante guerre civile qui a meurtri l'Algérie dans les années 1990.
"Dans la paix restaurée, le pays est devenu un vaste chantier, après une période difficile d'ajustement structurel économique et social douloureux. Les réformes se sont succédé dans de nombreux domaines, notamment ceux de la justice, de l'éducation, de l'administration et de l'économie. La démocratie ainsi que les droits et les libertés des citoyens ont enregistré de grandes avancées", affirme encore Abdelaziz Bouteflika.
"Conférence nationale"
Dans le même temps, il désamorce les critiques de ceux qui l'accusent de vouloir accaparer le pouvoir à son profit ou celui de son clan. S'il est réélu, il promet la convocation d'une "Conférence nationale" regroupant "toutes les forces politiques, économiques et sociales de la Nation". Objectif: faire émerger un "consensus sur les réformes et les changements" que devra engager l'Algérie.
Parmi les thèmes qui seront abordés figurent "une présence plus forte des jeunes" au sein des institutions politiques, la volonté de "vaincre le fléau de la bureaucratie", la "mise en place de mécanismes de démocratie participative". Ou encore des réformes économiques "sans dogmatisme".
L'ultra-dépendance aux hydrocarbures
Artisan du retour à la paix en Algérie après une décennie de guerre civile, Abdelaziz Bouteflika a profité de la hausse du prix du pétrole entre 2004 et 2014 pour lancer de vastes programmes d'infrastructures et désendetter le pays. Mais l'économie algérienne reste ultra-dépendante des hydrocarbures.
Plus grand pays d'Afrique par la superficie (2.381.741 km2), l' Algérie est le 3e producteur de brut d'Afrique et le 9e producteur de gaz mondial. Les hydrocarbures rapportent plus de 95% des recettes extérieures et contribuent pour 60% au budget de l'Etat.
Le 4e mandat du président sortant a été marqué par la chute des cours qui ont durement touché l'économie du pays, où un tiers des jeunes Algériens de moins de 25 ans est au chômage. D'une manière générale, les moins de 30 ans représentent 54% d'une population estimée en 2018 à 42,1 million d'habitants.
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