Franceinfo - le mercredi 20 mars 2019
Le pape est "un traître, un Judas" : la colère de La Parole libérée après le refus par François de la démission du cardinal Barbarin
François Devaux, cofondateur de l'association La Parole libérée, réagit très sévèrement à la décision du pape François de ne pas accepter la démission du cardinal Barbarin. Son jugement est sans appel : "Le message de l'Eglise vient de se détruire"
Le pape François a refusé la démission du cardinal Barbarin, condamné à six mois de prison avec sursis pour non dénonciation d'actes pédophiles. François Devaux, cofondateur de l’association La Parole libérée, dénonce mercredi 20 mars sur franceinfo une "hypocrisie". Il ne décolère pas et va plus loin : selon lui, le pape François est "un traître, un Judas" après sa décision de ne pas accepter la démission du cardinal Barbarin.
On est sidérés, désabusés. C'est une vraie erreur. C'est une vraie faute morale. On a affaire à quelqu'un qui est un traître, un Judas. La différence avec Judas, c'est qu'il n'avait pas de pouvoir contrairement au pape à qui il en reste un peu.à franceinfo
Les mots sont durs mais François Devaux les assume. "Quand on prône des valeurs et qu'on ne les respecte pas, quand on reçoit des rapports de l'ONU et qu'on ne les applique pas et qu'on n'y répond pas, quand on promet de mettre en place des tribunaux pour juger les évêques négligents, quand on prône une tolérance zéro et qu'on ne l'applique pas, on peut difficilement qualifier cela autrement que comme ça."
"Le pape porte l'entière responsabilité de tout cela"
Le cofondateur de La Parole libérée, qui regroupe les victimes du père Bernard Preynat, charge l'institution religieuse : "C'est de l'hypocrisie, on est dans ce cléricalisme-là et l'Eglise ne s'en sortira pas. L'abus est intrinsèque à cette institution. Partout où elle va, partout elle amène l'abus (...). Il y a un problème intrinsèque à cette Eglise et le pape porte l'entière responsabilité de tout cela."
Le cardinal Barbarin a expliqué à la chaîne KTO les raisons pour lesquelles le pape François n'avait pas accepté sa démission, en mettant en avant la présomption d'innocence avant le jugement en appel. "C'est de la manipulation ! dénonce François Devaux. Ces hommes-là sont quand même des représentants du Christ ! Le pape, c'est le successeur de saint Pierre qui prétend répondre à une justice divine. On voit la malveillance avec laquelle on se replace très insidieusement sous la justice des hommes : on va aller chercher un vice de procédure ou une prescription (...). S'il y un Christ, je ne sais pas quel regard il peut porter sur cela", a-t-il expliqué.
Le fond du sujet, c'est le viol de mineurs que l'Eglise à couvert dans des proportions massives, de petits enfants non sexués de 8-10 ans. C'est d'une immoralité ! Le sacré vient de s'effondrer. Le message de l'Eglise, aujourd'hui, vient de se détruire et cela va avoir des conséquences dramatiques pour l'Eglise. à franceinfo
Le cardinal Barbarin va se mettre en retrait du diocèse de Lyon. Il n'avait "pas le choix" estime le cardinal Barbarin. C'est "la bonne décision, estime-t-il. On peut souhaiter à cet homme-là de retrouver un apaisement personnel." Ce qui est en cause, selon François Devaux, au-delà de la personnalité du cardinal Barbarin, c'est "la fonction qu'il occupe, son incapacité à tenir son diocèse." "Aujourd'hui, c'est le pape qui couvre les archevêques, la problématique se déplace. On est au niveau de la tête de l'Eglise. Et on prend consicence, l'humanité toute entière prend conscience que la tête est pourrie."
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