Franceinfo - le jeudi 16 août 2018
TEMOIGNAGE FRANCEINFO. "Il y a des images que je ne pourrai pas sortir de mon esprit" : un rescapé de l'"Aquarius" brise le tabou des viols sur des hommes en Libye
L'envoyée spéciale de franceinfo à bord de l'"Aquarius" a rencontré un migrant qui témoigne des violences sexuelles infligées à des hommes en Libye, un sujet tabou que peu de rescapés osent évoquer sur le pont du navire humanitaire
L'Aquarius a accosté sur l'île de Malte mercredi 15 août avec 141 migrants à bord. (MATTHEW MIRABELLI / AFP)
Les 141 rescapés de l'Aquarius sont arrivés à Malte mercredi 15 août. Ils sont "épuisés, marqués par leur voyage et leur séjour en Libye", selon Médecins sans frontières. Certains d'entre eux ont été victimes de violences sexuelles en Libye : c'est très souvent le cas pour les femmes, mais aussi pour les hommes. Et le sujet est tabou.
"Tous sont là avec leur téléphone, ils filment"
Sur le pont du navire humanitaire, un rescapé a décidé de briser le silence. Il révèle ce que personne n'ose évoquer, mais que pourtant tout le monde connaît. Lui n'a pas été violé mais a assisté à des scènes de viols. "Il y a des images que je ne pourrai pas sortir de mon esprit, témoigne cet homme sur franceinfo. Devant tout le monde, ils vous demandent de vous caresser. Ça stimule ton érection... Ils demandent que tu sodomises ton frère..." "Ils rient, ils sont contents. Du jamais vu. Tous sont là avec leur téléphone, ils filment." En cas de refus, "ils vont vous prendre, vous attacher et ils vont vous violer", poursuit-il.
La deuxième fois qu'on lui a infligé cela, c'est quand il a essayé de s'évader. "En plein désert, ils nous ont rattrapés", raconte-t-il. Celui qui les guidait "a subi des abus. Ils l'ont sodomisé à tour de rôle. Ce n'était pas beau à voir."
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"Quand ils ont fini, il était bousillé, il y avait du sang partout. Je ne sais pas s'il a survécu", poursuit-il. Lui a été épargné et n'a pas été violé mais contraint, en Libye, à assister à ces scènes cauchemardesques. L'homme a du mal à poursuivre la conversation. "Je me sentais mort, je me disais 'si l'idée leur traverse l'esprit de passer sur moi'. Je me suis mis une minute à sa place. C'était traumatisant, c'était une terreur", conclut-il difficilement.
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