Franceinfo - le lundi 20 avril 2020
Coronavirus : pourquoi de nouveaux cas apparaissent encore après plus d’un mois de confinement ?
Alors que les Français sont confinés depuis plus d’un mois, 112 606 cas confirmés ont été recensés depuis le début de l'épidémie, selon les chiffres mis à disposition par Santé publique France, dimanche
Une infirmière prend la température d'un patient dans un centre médical à Paris, le 1er avril 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)
Cela fait maintenant plus d'un mois que les Français sont confinés. Et pourtant le nombre de cas confirmés continue d'augmenter. Dimanche 19 avril, à 14 heures, Santé publique France avait recensé 112 606 cas de personnes atteintes du Covid-19 depuis le début de la pandémie, avec 785 personnes diagnostiquées en 24 heures. Comment expliquer l’apparition de ces nouveaux cas après plus de cinq semaines de confinement ? La Cellule Vrai du faux de franceinfo vous explique.
Parce que le confinement n’est pas totalement hermétique
Confinement ne signifie pas enfermement. Si les autorités appellent à rester chez soi, les dérogations permettent aux Français de sortir pour les déplacements indispensables. Aller faire ses achats de première nécessité, sortir moins d’une heure dans un rayon d’un kilomètre, faire une activité sportive individuelle, sortir pour une consultation ou des soins, une participation à une mission d’intérêt général… Des dérogations autorisées, mais qui peuvent exposer les personnes au virus.
Lorsque l’on fait ses courses par exemple, on s’expose. On sait que le virus peut rester actif sur des surfaces inertes. Des chercheurs américains ont observé que le virus restait viable jusqu’à trois jours sur une table en plastique, deux jours pour un évier en inox, 24 heures sur un carton d’emballage et quatre heures sur un fil de cuivre. Une autre étude anglaise affirme que le plastique est la surface qui conservait le plus longtemps le virus. Si ces études ont été menées en laboratoire, elles montrent une certaine résistance du virus d’où la nécessité, une fois rentré chez soi, de bien se laver les mains.
Parce que des Français continuent de travailler
Pour de nombreux professionnels, il est indispensable de se rendre sur leur lieu de travail. Il y a bien sûr les professionnels de santé, infirmiers, médecins, pharmaciens, mais aussi les commerces de bouche, boulangeries, boucheries, jusqu'aux métiers de services publics, agents d’entretien, ainsi que les chauffeurs et livreurs. D’après le baromètre des territoires de l’enquête Odoxa-Adviso Partners pour franceinfo, publié le 9 avril, un quart des Français actifs se déplace toujours sur leur lieu de travail quotidiennement ou presque.
Or, beaucoup de ces professionnels se retrouvent directement exposés au virus, que ce soit sur leurs lieux de travail ou dans les transports. Dans les transports en commun, il est compliqué d’appliquer les gestes barrières comme le montre ce reportage de France 2 en Seine-Saint-Denis. Face à ce risque, le Premier ministre Edouard Philippe a jugé "probable" l'obligation du port du masque dans les transports publics à partir du 11 mai.
Parce que le nombre de tests a beaucoup augmenté
Si le nombre de cas avérés de Covid-19 communiqué par Santé publique France continue d'augmenter malgré le confinement, c'est aussi parce que la population est de plus en plus testée. Mi-mars, la Direction générale de la Santé annonçait à franceinfo une capacité de 2 500 tests PCR par jour. En conséquence, seules les personnes avec des symptomes graves ou les patients fragiles étaient testés. Depuis, le nombre de tests a augmenté et donc, logiquement, celui des cas avérés également.
Le gouvernement table désormais sur plus de 70 000 dépistages par jour d'ici au 11 mai avec une évolution des catégories de personnes testées. "Si vous êtes porteur de symptômes (...) et que vous voulez savoir si vous êtes malade, ou si vous avez été en contact rapproché avec une personne dont on sait qu'elle est malade, vous pouvez, vous devrez bénéficier de ce test virologique", a assuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d'une conférence de presse dimanche 19 avril à Matignon.
Parce que la maladie peut se transmettre sans se sentir malade
Rester chez soi, se laver les mains régulièrement, éternuer dans son coude, garder une distance d’au minimum un mètre avec les personnes que l’on croise, ces gestes sont parfois difficiles à appliquer lorsque que l’on ne se sent pas soi-même malade. Or, "les gens qui contribuent vraiment à la dynamique de l’épidémie, ce sont les personnes présymptomatiques, qui vont développer des symptômes, et les personnes malades", explique l'épidémiologiste Pascal Crépey, sur franceinfo. La période entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes est estimée en moyenne de 3 à 5 jours, mais elle peut s’étendre jusqu’à 14 jours voire plus. Ainsi, pendant cette période, une personne peut être contagieuse et porteuse du virus avant même l’apparition des symptômes.
Le cas des personnes asymptomatiques pose également beaucoup de questions. Pour Pascal Crépey, ces derniers "contribuent relativement peu à la dynamique de l’épidémie". Pour autant, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) est en train de mener une étude afin d'avoir des données scientifiques consolidées. Elle a pour but de connaître la proportion de personnes touchées par le Covid-19 qui ne vont pas développer de symptômes, et de savoir si elles transmettent massivement le virus et pendant combien de temps. Toutefois, les dernières données provisoires sur les nouveaux cas en Chine tendent à suggérer que les porteurs asymptomatiques peuvent jouer un rôle dans la transmission du virus. Enfin, il existe encore des doutes sur le fait d'être immunisé lorsque l'on a été testé positif ainsi que sur la durée de cette immunité.
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