[#Coronavirus] Le Pr Jérôme Salomon rappelle les mesures d’information mises en place à l’aéroport Roissy- Charles-de-Gaulle, ainsi que les recommandations faites aux professionnels de santé, sur la prise en charge d’éventuels cas.
Franceinfo - le mercredi 22 janvier 2020
Mises en quarantaine, contrôles aux frontières, masques... Comment s'organise la lutte contre le coronavirus en France et dans le monde
L'OMS se réunit en fin de journée pour déterminer s'il convient de déclarer une "urgence de santé publique de portée internationale". Le virus, apparu en Chine, est désormais présent dans plusieurs pays d'Asie
Un employé de l'aéroport de Calcutta (Inde) contrôle la température de passagers arrivant de Chine et d'Inde, le 22 janvier 2020. (HANDOUT / MINISTRY OF CIVIL AVIATION / AFP)
Etat d'alerte contre l'épidémie. Le coronavirus, apparu en Chine le mois dernier, a fait 17 morts dans le pays, selon le dernier bilan communiqué par les autorités chinoises, mercredi 22 janvier. Alors que le virus a gagné plusieurs pays d'Asie et même les Etats-Unis, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) doit se réunir en fin de journée pour déterminer s'il convient de déclarer une "urgence de santé publique de portée internationale".
Lors d'un coup de fil avec Emmanuel Macron, le président chinois, Xi Jinping, a assuré à son homologue français que la Chine avait adopté "des mesures de prévention et de contrôle stricts", selon des propos rapportés par l'agence Chine nouvelle. "La Chine est disposée à travailler avec la communauté internationale pour répondre efficacement à l'épidémie et maintenir la sécurité sanitaire dans le monde". Comment la Chine, la France et les autres pays luttent-ils concrètement contre la propagation du virus ? Franceinfo fait le point.
En isolant les patients infectés ou suspects
Depuis l'annonce par un expert chinois, lundi, de la transmissibilité du virus entre humains, de nombreux gouvernements ont mis en place des mesures pour isoler les patients dès qu'ils présentent des symptômes. Contrairement au virus de la grippe, qui est déjà contagieux avant que les symptômes apparaissent, "en général, avec le coronavirus, on est contagieux à partir du jour où on a des symptômes, explique à franceinfo le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l'hôpital Bichat, à Paris. Pour l'arrêter, il faut donc détecter les cas très rapidement et isoler."
C'était le cas d'un citoyen français, soupçonné pendant un temps d'avoir contracté la maladie après un séjour à Wuhan, a expliqué Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, qui dépend du ministère.
Il a été pris en charge en isolement dans un établissement de référence. Il va bien, est rentré chez lui, tous les examens virologiques réalisés au Centre national de référence de l'Institut Pasteur sont négatifs.
Dans les vols directs en direction et en provenance de Wuhan, des messages de précaution sont désormais diffusés, affirme le professeur Jérôme Salomon. Des affiches rappelant la conduite à tenir en cas de symptômes sont par ailleurs affichées dans les aéroports internationaux, comme à Roissy-Charles de Gaulle. En cas de doute, les personnes sont invitées à ne pas se rendre chez leur médecin ou à l'hôpital pour éviter les contacts, mais à rester chez elles et à appeler le Samu, indique Santé publique France dans un communiqué sur les conduites à tenir en cas de soupçons.
La plupart des autres pays touchés ou potentiellement touchés ont pris des dispositifs similaires pour isoler les patients infectés. Aux Etats-Unis, un homme d'une trentaine d'années revenant d'un voyage à Wuhan, dont il est originaire, a contracté le virus. Il est arrivé le 15 janvier sans fièvre à l'aéroport de Seattle, et a lui-même contacté les services de santé locaux, dimanche, après avoir constaté des symptômes. Il a été hospitalisé par précaution et va bien. Il restera à l'isolement pendant encore au moins 48 heures, ont affirmé les Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) américains.
Quant à la Chine, principal pays touché par l'épidémie avec près de 300 cas confirmés, elle procède aussi à des mesures de quarantaine. Selon les autorités chinoises, 922 patients sont en ce moment placés en observation dans des hôpitaux.
En mettant en place des contrôles aux frontières
Les passagers au départ de Wuhan et de Shanghai font l'objet d'une détection au moment de leur départ. "Il y a une sorte de porte et automatiquement la température est mesurée", raconte à France 2 un passager d'un vol Shanghai-Paris.
Pour l'heure, la France n'a pas mis en place de contrôle systématique de la température des voyageurs en provenance de Chine. Selon le directeur général de la Santé, cette mesure, "pas recommandée par l'Organisation mondiale de la santé", est "complexe à mettre en place" et "pas très efficace". "Tout le monde n'est pas d'accord sur l'efficacité", abonde le professeur Yazdan Yazdanpanah, notant qu'un patient "peut prendre aussi un Efferalgan pour ne pas avoir de la fièvre" au moment du contrôle.
Pourtant, un très grand nombre de pays ont mis en place des contrôles aux frontières. C'est notamment le cas de l'Australie, de la Corée du Sud, de la Russie, du Népal, de Singapour, de la Malaisie, du Vietnam, du Bangladesh et de l'Inde.
En Thaïlande, qui accueille à elle seule un quart des vols internationaux au départ de Wuhan, les autorités ont mis en place des détections thermiques obligatoires dans les aéroports de Bangkok, Chiang Mai, Phuket et Krabi, pour les passagers en provenance des zones chinoises à risques. En cas de fièvre, une quarantaine de 24 heures est imposée au passager.
A Hong Kong, les autorités se disent en "alerte maximale". L'aéroport de la ville, l'un des plus fréquentés au monde, procède déjà en temps normal au contrôle thermique de tous les passagers, mais les passagers qui arrivent de Wuhan doivent désormais remplir un formulaire supplémentaire. En cas de mensonge, ils s'exposent à des sanctions pouvant aller jusqu'à six mois de prison. Il en est de même aux Etats-Unis, où les passagers arrivant de Wuhan sont désormais soumis à un questionnaire et à une prise de température.
En respectant des règles d'hygiène strictes
"D'abord, il faut porter le masque, surtout dans les gares et les trains", a affirmé à franceinfo le docteur Cheng de l'hôpital Tiangong, au sud de Pékin, relayant les consignes officielles du gouvernement. Après une relative indifférence au début de l'épidémie, le mois dernier, l'inquiétude s'empare du pays et beaucoup de Chinois portent désormais des masques respiratoires dans les grandes villes.
Dans une pharmacie de Pékin, mercredi, une employée était obligée d'expliquer aux clients qu'elle n'avait plus de masques ni de produits désinfectants à vendre. "Les stocks sont à zéro à cause de ce qui se passe à Wuhan. Quand le nombre de cas s'est rapproché des 300, les gens ont réalisé que c'était grave", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Pour les ressortissants français qui se trouvent en Chine, le Quai d'Orsay a communiqué une série de mesures. Le ministère des Affaires étrangères recommande notamment "d'éviter tout contact avec des animaux vivants ou morts", avec "des personnes souffrant d’infection respiratoire aiguë" et de se laver régulièrement les mains avec de l’eau savonneuse ou avec une solution hydro-alcoolique. Près de la moitié des provinces du pays sont touchées, y compris des mégapoles comme Shanghai et Pékin, où le lycée français a diffusé des consignes de prévention et distribué du gel désinfectant aux élèves.
En France, aucune trace du virus n'a été détectée et le "risque d'introduction est faible", a indiqué Agnès Buzyn lors d'une conférence de presse. Il n'y a donc pas de consigne d'hygiène particulière à observer en dehors de celles déjà conseillées pour les autres maladies de saison.
A découvrir aussi
- la tribune du jeudi 26 février 2015
- le Progrès du dimanche 31 mai 2015
- le Progrès du mercredi 29 juin 2016
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres