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L'AIR DU TEMPS

Franceinfo - le mercredi 8 avril 2020

 

 

Coronavirus : cinq signes qui montrent que le déconfinement n'est pas pour demain... ni pour après-demain

 

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Déjà prolongé une première fois, le confinement mis en place pour lutter contre l'épidémie de Covid-19 est censé s'achever mardi 14 avril. Mais tout laisse à penser qu'une nouvelle reconduction est envisagée, pour une durée encore inconnue

 

 

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Un rue piétonne déserte en raison du confinement pour lutter contre le coronavirus, le 6 avril 2020 à Lyon. (SEBASTIEN RIEUSSEC / HANS LUCAS)

 

 

 

Une sortie du confinement par régions, par âge, ou en fonction du statut sérologique ? Depuis plusieurs jours, experts et médias s'interrogent sur la forme que pourrait prendre la levée de cette mesure inédite, mise en place pour faire face à l'épidémie de coronavirus. A tel point que la question du "comment" a pu faire oublier celle que tout le monde se pose pourtant : "quand le déconfinement aura-t-il lieu ?"

 

 

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En vigueur depuis le 17 mars, le confinement de la population avait initialement été décidé pour "au moins deux semaines", avant d'être prolongé de deux semaines supplémentaires. En théorie, l'interdiction de se déplacer devrait donc prendre fin le 14 avril. Mais de nombreux signes montrent qu'il n'en sera rien. Nouvelle prolongation de deux semaines ? Reconduction de la mesure jusqu'à nouvel ordre ? Emmanuel Macron, qui doit s'exprimer jeudi à la télévision, pourrait apporter quelques éléments de réponse.

 

 

 

1 - "Le confinement va durer" : le changement de ton d'Edouard Philippe

C'est le Premier ministre qui le dit : le déconfinement, "ça n'est pas pour demain". Interrogé par un député lors de la séance de questions au gouvernement, mardi 7 avril, Edouard Philippe a douché les espoirs de ceux qui espéraient encore une levée rapide des mesures. "Aujourd'hui c'est l'heure du confinement. Et l'heure du confinement va durer", a-t-il prévenu. 

 

 

C'est tout à fait difficile à supporter pour beaucoup de Français, mais c'est indispensable si nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation qui serait pire encore que celle que nous vivons aujourd'hui. Edouard Philippe à l'Assemblée nationale

 

 

Entre les lignes, on comprend que la date du 14 avril n'est plus d'actualité. Les questions liées au déconfinement "demain ou après-demain sont compliquées, parce que pour beaucoup d'entre elles, elles tiennent à des éléments, des réponses dont nous ne disposons pas encore", a-t-il encore précisé. "C'est la raison pour laquelle nous nous préparons. Se préparer, ça ne veut pas dire que c'est prêt. C'est travailler techniquement, scientifiquement, logistiquement pour être prêt le moment venu."

 

 

Cette mise au point intervient tout juste une semaine après l'audition du Premier ministre devant la mission d'information parlementaire sur le Covid-19. C'est devant cette instance, le 1er avril, que le chef du gouvernement avait pour la première fois évoqué le déconfinement, ouvrant la porte à toutes les spéculations. Une erreur de communication ? "On a parlé du déconfinement trop tôt", tacle sur Europe 1 le député LR Eric Ciotti, qui se dit "un peu étonné qu'on multiplie les messages positifs alors qu'il y a des bilans quotidiens qui dépassent les 500 morts".  

 

 

 

2 - Le conseil scientifique ne donne plus d'échéance

"Le confinement durera vraisemblablement au moins six semaines à compter de sa mise en place", écrivaient dans leur avis du 23 mars les 11 membres du conseil scientifique chargé d'éclairer les décisions de l'exécutif face au Covid-19. Ce qui laissait entrevoir une possible sortie du confinement aux alentours du 28 avril.

 

 

Mais la dernière livraison du conseil scientifique, datée du 2 avril, ne fait plus mention d'aucune échéance. Un "oubli" sans doute volontaire, dans ce document consacré entre autres aux critères à réunir pour permettre une sortie du confinement. En conclusion du document, le conseil scientifique a tenu à "souligner un point essentiel", écrit en gras et encadré : "La réflexion sur la sortie du confinement, les stratégies post-confinement sont nécessaires. La priorité demeure cependant la poursuite d'un confinement renforcé dans la durée."

 

 

Interrogé sur franceinfo ce mercredi, le professeur Jean-François Delfraissy, qui préside ce comité, a évoqué "la poursuite d'un confinement strict sur plusieurs semaines".

 

 

Ça nous mène probablement jusqu'à début mai, je n'irai pas plus loin sur la précision parce que nous ne l'avons pas.Jean-François Delfraissy à BFMTV

 

 

La date de sortie du confinement dépendra en fait de plusieurs critères. Pour le conseil scientifique, trois préalables doivent être réunis avant de l'envisager. D'abord, que les services de réanimation soient soulagés, ce qui constituait l'objectif inital du confinement. Ensuite, que le nombre de cas de Covid-19 en France redevienne suffisamment bas pour que les nouveaux cas puissent être dépistés systématiquement. Enfin, que les éléments de la stratégie post-confinement soient "opérationnels", à savoir : définition de nouvelles mesures de distanciation sociale, disponibilité des protections matérielles (gel hydroalcoolique, masques...) et de tests de dépistage rapides, amélioration du système de surveillance épidémiologique, développement d'outils numériques, définition d'une politique de contrôle aux frontières, etc.

 

 

"Il y a des marqueurs d'ordre sanitaire, sociétaux, et des éléments économiques. C'est un mélange très difficile, précise Jean-François Delfraissy. Le sanitaire a la priorité mais ce n'est pas le seul à être pris en compte. Tout va dépendre aussi du taux de tolérance de la population."

 

 

 

3 - Le pic de l'épidémie n'est toujours pas atteint

"Nous ne sommes pas encore au pic", a prévenu mardi soir le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, comme l'avait déjà déclaré quelques heures plus tôt le ministre de la Santé, Olivier Véran. "Nous ne sommes qu'à la phase ascendante même si elle ralentit un peu, donc aborder le déconfinement aujourd'hui n'a aucun sens", selon Jérôme Salomon.

 

 

Pour évaluer si le pic épidémique est atteint, il faudrait pouvoir tenir une comptabilité du nombre de personnes infectées par le virus. Or, c'est actuellement impossible puisque seuls les patients présentant les symptômes les plus graves sont dépistés. Les épidémiologistes scrutent donc deux autres chiffres : le nombre de nouvelles hospitalisations pour Covid-19 et le nombre d'admissions en réanimation. Des données beaucoup plus fiables, mais aussi plus difficiles à analyser car plusieurs jours, voire semaines, s'écoulent nécessairement entre la contamination initiale par le virus et une éventuelle entrée à l'hôpital.

 

 

 

 

 

 

L'analyse de ces données a pu laisser penser qu'un pic avait été atteint le 1er avril, jour où plus de 4 000 hospitalisations ont été recensées, un chiffre divisé par deux quatre jours plus tard. Mais les dernières statistiques livrées lundi et mardi ont mis en évidence une nouvelle hausse du nombre d'hospitalisations.

 

 

Par ailleurs, cette notion de "pic épidémiologique" est à relativiser selon certains experts, qui notent que les situations ne sont pas les mêmes partout sur le territoire. "C'est impossible de parler d'un pic épidémique national. La situation du Grand Est et de l'Ile-de-France n'a rien à voir avec celle de régions encore peu touchées", commente Samuel Alizon, épidémiologiste au CNRS, cité par La Croix.

 

 

 

4 - Masques, tests... La France n'est pas encore prête

Des commandes de masques tous azimuts pour les professionnels de santé, des masques alternatifs pour équiper les travailleurs exposés à la présence du public... Chaque jour, de nouvelles cargaisons de masques produits en France ou importés sont annoncées. Mais pour le grand public, il est encore quasiment impossible de se procurer un masque, alors que plusieurs spécialistes, dont l'Académie de médecine, le préconisent désormais pour l'ensemble de la population.

 

 

L'accès du plus grand nombre à des masques devra être assuré avant le déconfinement, de même que la disponibilité des tests (tests de dépistage PCR du virus et tests sérologiques pour contrôler l'immunité). Or, malgré une montée en puissance du nombre de tests PCR réalisés chaque jour, le dépistage de masse n'est encore pas à l'ordre du jour, faute de matériel et de réactifs suffisants. Quant aux tests de dépistage, aucun n'a encore reçu d'homologation de la part des autorités de santé françaises.

 

 

 

5 - Des modélisations pessimistes

L'une des principales craintes en cas de déconfinement serait de voir l'épidémie repartir à la hausse, engorgeant à nouveau les services d'urgence et réduisant à néant les efforts effectués pendant plusieurs semaines. A ce stade, on évalue entre 10% et 15% la proportion de la population française qui a été en contact avec le virus, et qui est donc immunisée. Un niveau très en deçà du seuil de 60% à 70% à partir duquel l'"immunité de groupe" empêche la propagation d'une épidémie.

 

 

Les quelques études qui se sont penchées sur la durée nécessaire du confinement pour faire reculer l'épidémie ne sont guère rassurantes. Ainsi, une étude réalisée par le cabinet américain Boston Consulting Group (fichier pdf) prévoit pour la France un pic épidémique durant la troisième semaine de mai, et s'attend à une fin de confinement entre la mi-juin et la fin juillet.

 

 

Passerons-nous l'été confinés à la maison ? Impossible de répondre à cette question à l'heure actuelle. "Je conseille aux Français la plus grande prudence sur la préparation de leurs voyages", a déclaré mardi sur franceinfo le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. "Je leur dis d'attendre parce que bien malin celui qui sait décrire l'offre de transport et qui sait décrire exactement le moment où nous allons déconfiner." Interrogée sur ces déclarations, sa ministre de tutelle, Elisabeth Borne, a assuré que ces propos ne visaient que l'achat de vols à destination de l'étranger : "Il n'était pas en train de dire que les Français ne pourraient pas partir en vacances cet été."

 



08/04/2020
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