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TERRORISME - Daech en Libye en Syrie et en Irak ? Le spectre d'un nouveau fief djihadiste fait frémir l'occident et les pays arabes. L'Etat islamique a mis la main sur plusieurs villes de Libye et multiplie les attaques. Une montée en puissance qui inquiète pays Arabes et européens.

Au sud de l'Europe, un Etat en déconfiture est devenu la nouvelle cible de l'Etat islamique (EI). La sanglante organisation y contrôle déjà plusieurs villes Derna à l'est, Sabaratha à l'ouest, ou Syrte, le fief du dictateur déchu Mouammar Kadhafi. Une situation qui inquiète. Hier, Manuel Valls a dénoncé la "menace directe" que fait peser sur l'Europe la "création sous nos yeux et non loin de nos frontières, d'un nouveau repaire pour le djihadisme terroriste.

Multiplication des attaques

Depuis début 2015, l'EI ne se cache plus. En janvier, le groupe revendiquait ses premières attaques dans la pays. La plus spectaculaire a été l'attaque d'un hôtel au centre de Tripoli, la capitale du pays. Bilan, neuf morts, dont un Français. En février, le groupe poste la vidéo de la décapitation de 21 Coptes, des chrétiens égyptiens. En réaction, l'aviation du Caire a pilonné les positions du groupe à Derna. Enfin, vendredi, des attentats ont fait 40 morts dans l'est du pays.

Un pouvoir aux abois

La Libye est la seule "filiale" créée à l'étranger par l'EI. Ailleurs, le groupe s'est contente d'adouber des groupuscules existants. La preuve que le groupe a fait du pays une priorité. Il est vrai que le terreau est fertile. Depuis août 2014, le pays est divisé. Fajr Libya, une coalition de milices islamistes s'est emparé de Tripoli. Le gouvernement légitime, dirigé par Abadallah al-Theni, s'est à Benghazi (est). Le pays se trouve donc avec deux Parlements, deux gouvernements - mais sans véritable Etat.

La Bataille du pétrole

"Pour l'heure, l'objectif premier de l'EI en Libye est d'étendre son territoire, pour prendre le contrôle des puits de pétrole", estime toutefois le spécialiste Romain Caillet. Une stratégie similaire à celle menée en Syrie. Les moyens financiers obtenus - évalués à 2 millions de dollars par jour à l'automne 2014 - ont permis au groupe de financer le djihad et de créer des structures étatiques bien réelles : fonctionnaires, approvisionnement en électricité, justice...

Intervention occidentale ?

Face à cette situation, le Caire et Rome plaident pour une intervention armée. Une option pour l'heure rejetée. Le gouvernement "légitime" libyen souhaiterait une levée de l'embargo sur les armes. Sauf que nombre de pays craignent que d'éventuelles livraisons ne tombent in fine dans les mains de l'EI. Comme en Syrie. L'alternative serait un accord, sous égide de l'ONU, entre les deux "gouvernements" du pays. Une solution qui risque d'être trop longue. "La Libye est aujourd'hui le plus grand foyer terroriste du monde", prévient Mazen Chérif, expert tunisien en questions militaires. Et chaque jour, l'EI y renforce son emprise.