la tribune du lundi 3 novembre 2014
ENVIRONNEMENT - Les experts décrètent l'état d'urgence climatique. A un an du sommet de Paris qui doit déboucher sur un accord global. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) demande aux Etats de passer à une économie à faible teneur en carbone. Son 5e rapport sera présenté mercredi aux autorités françaises.
Il faut faire vite. Vite, avant qu'il soit trop tard : "Nous avons encore le temps de construire un monde meilleur et durable", a assuré Rajendra K. Pachauri, en ouvrant la 40e session du Giec qu'il préside, et qui a rendu hier les conclusions alarmantes d'un rapport d'évaluation qui déclare l'état d'urgence et affirme qu'il faut agir rapidement si l'on veut empêcher "les incidences irréversibles et dangereuses" du changement de climat.
"Conséquences irréversibles"
"Si on ne les maîtrise pas, les changements climatiques vont accroître le risque de conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l'être humain et les écosystèmes", préviennent les experts dans ce rapport qui fournit l'évaluation la plus complète et exhaustive produite à ce jour.
Le temps presse, insistent les 800 scientifiques du Giec, issus de plus de 80 pays, qui y ont travaillé et ont passé à la loupe plus de 30 000 documents pour rendre leurs conclusions. C'est donc toute la communauté scientifique mondiale qui lance ici un appel pressant en direction des Etats et des décideurs politiques, pour limiter les effets du changement climatique désormais indiscutables, "avec des incidences observées sur tous les continents".
Le rapport entend clore toute discussion sur la réalité du changement : "Le réchauffement du système climatique est sans équivoque", et "sans précédent depuis des dizaines d'années, voire des millénaires", affirment les experts. "L'atmosphère et les océans se sont réchauffés, la quantité de neige et de glace a diminué, le niveau de la mer s'est élevé et la concentration de dioxyde de carbone a augmenté jusqu'à un niveau sans précédent depuis 800 000 ans". Les émissions constantes de gaz à effet de serre restent particulièrement préoccupantes.
A un an du sommet de Paris sur le climat qui doit déboucher sur la finalisation d'un accord global, les experts du Giec, dont c'est le cinquième rapport d'évaluation, ne se sont pas contentés de l'évaluation des aspects socio-économiques du changement climatique et de ses répercussions sur le développement durable, ainsi que sur les aspects régionaux et la gestion des risques. Ils demandent l'établissement d'un cadre d'intervention fondé sur des mesures d'adaptation et d'atténuation, avec des mesures fortes pour les énergies propres, alternatives, renouvelables, et pour un meilleur usage de l'énergie.
Les Etats au pied du mur
Limiter à 2°C le réchauffement est possible, jugent les experts à condition d'aboutir à des "réductions importantes" des émissions de gaz à effet de serre. "Pour que nous ayons une bonne chance de rester en dessous de 2°C à un prix gérable, nos émissions, sur le plan mondial, devraient diminuer de 40 à 70 % entre 2010 et 2050, et tomber à zéro au moins d'ici à 2100. Nous avons cette possibilité, et le choix nous incombe".
Les Etats sont prévenus et au pied du mur. Et les experts du Giec prennent soin de les rassurer : il est possible, a ainsi assuré Youba Sokona, l'un des grands experts, "de passer à une économie à faible teneur en carbone" sans remettre en cause la croissance mondiale. Nathalie Chifflet
800 000 Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevés "depuis 800 000 ans", affirment les experts sur le climat dans un rapport de synthèse publié hier, à Copenhague.
"L'Europe a fait son devoir. Mais l'Europe ne peut pas résoudre seule le problème posé par le réchauffement du climat. Il faut que les Américains s'engagent sur un objectif ambitieux, tangible, concret. A ce moment, alors, les Chinois s'engageront". Connie Hedegaard, commissaire européenne (sortante) chargée du climat
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