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MOYEN-ORIENT - Réfugiés syriens : le flot ingérable. Plus de 3,2 millions de personnes ont fuit la guerre, 7,6 millions sont déplacés dans la pays. En première ligne, le Liban est déstabilisé par l'arrivée massive de familles entières de Syriens fuyant les combats. A terme, toute la région et même l'Europe devront gérer un flux qui pourrait tripler.

Des hommes, des femmes, des bébés entassés dans les soutes de cargos à la dérive vers l'Europe. Des camps de réfugiés surchargés, poreux, dangereux en Jordanie, et en Turquie où les passeurs avec la complicité silencieuse des autorités locales proposent faux passeports et passages à haut risque vers l'Europe...

Plus de trois millions de Syriens ont fui dans les pays voisins depuis la révolte contre le régime de Bachar-el-Assad, en mars 2011, selon l'Agence des Nations unies pour les réfugiés. Sur 22 millions d'habitants, 3,2 ont quitté le pays et 7,6 millions sont déplacés et pourraient être amenés à franchir les frontières.

Chaque jour, ils seraient plusieurs milliers à passer en Turquie et au Liban, les premiers pays d'accueil ; parfois en Jordanie et même en Irak. Du coup, le Liban submergé par un flot continu va imposer des visas aux ressortissants de la Syrie. Une première dans l'histoire des deux pays depuis leur indépendance dans les années 1940.

Depuis le début du conflit en Syrie il y a près de quatre ans, plus de 1,1 million de Syriens ont trouvé refuge au pays du cèdre qui compte quatre millions d'habitants, selon le haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR). Ce chiffre est probablement supérieur car de nombreux Syriens ne seraient pas enregistrés.

Cet afflux de réfugiés met à rude épreuve les fragiles infrastructures et l'opinion publique libanaise, notamment avec la dégradation de la sécurité dans des zones frontalières de l'est du pays abritant des dizaines de milliers de réfugiés. Et le gouvernement libanais de tirer la sonnette d'alarme depuis des mois.

"Nous n'expulserons personne"

Khalil Jebara, conseiller du ministre de l'Intérieur, a précisé que son pays continuerait de faire des exceptions pour des motifs humanitaires, mais qu'il était nécessaire de limiter les nouvelles arrivées : "Nous n'expulserons personne. Mais il est grand temps de réguler l'entrée des Syriens. Leur présence entraîne un lourd fardeau sécuritaire, économique et social, une pression que les infrastructures ne peuvent plus supporter".

Contrairement à la Jordanie et la Turquie, le Liban n'a pas créé de camps et les réfugiés sont dispersés dans le pays. La polarisation du Liban entre les partisans du régime syrien, dont le puissant mouvement chiite Hezbollah, et ceux de la rébellion syrienne, complique tout consensus sur le sort des réfugiés. Ces restrictions d'entrée au Liban rendent encore plus difficile pour les Syriens de fuir les violences qui ont fait plus de 200 000 morts depuis mars 2011.