la tribune du mercredi 29 octobre 2014
ECONOMIE – Les pays riches ont leurs enfants pauvres. Un rapport de l’UNICEF sur les 41 pays de l’Union européenne et de l’OCDE. Avec la crise, 2,6 millions de mineurs sont tombés sous le seuil de pauvreté dans les pays les plus développés depuis 2008. En France, la pauvreté des enfants progresse plus que celle des âgés.
La crise économique continue de faire des ravages. Depuis 2008, 2,8 millions d’enfants ont sombré sous le seuil de pauvreté dans les pays riche, selon un rapport de l’Unicef rendu public hier (« Les enfants de la récession : impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches ».
Au total, 76,5 millions d’enfants vivent dans une situation de pauvreté dans les pays développés. En France, leur taux de pauvreté a augmenté de 15,6 % à 18,6 % entre 2008 et 2012 ; ce qui correspond à 440 000 enfants pauvres supplémentaires.
Depuis 2008, le pourcentage de ménages avec enfants n’ayant pas les moyens d’acheter de la viande, du poulet ou du poisson tous les deux jours a plus que doublé en Estonie, en Grèce et en Italie. Les cinq pays les plus mal classés dans l’évolution de la pauvreté des mineurs sont l’Irlande, la Croatie, la Lettonie, la Grèce et l’Islande. A l’inverse, « ceux qui résistent le mieux sont ceux qui avaient les reins suffisamment solides pour faire face à une crise économique d’une telle ampleur », explique Sébastien Lyon, directeur général de l’Unicef France.
La France en 30e position
La France se situe au 30e rang sur 41. Un signal peu rassurant, d’autant que s’y ajoute un autre indicateur : la pauvreté des enfants a progressé de 3 points, alors que celle des personnes âgées a diminué de 2,9 points. « Les amortisseurs sociaux à destination des personnes âgées sont très ciblés – minimum vieillesse, retraites… - et efficaces, c’est moins le cas pour les aides aux familles. Le revenu des ménages actifs est lié à l’activité, or avec la crise, le chômage a explosé », explique Sébastien Lyon. Le constat du rapport de l’Unicef est inquiétant : « Avoir des enfants augmente le risque de devenir des travailleurs pauvres », regrette le DG de l’Unicef France.
« Une génération mise de côté »
En raison de la précarité croissante des familles, « il y a des signes manifestes que toute une génération d’enfants grandit dans des conditions de privation que leurs parents et grands-parents n’ont jamais connues », déplore le rapport.
L’Unicef s’inquiète également de la situation des 15-24 ans, touchés de plein fouet par la récession. Le taux de jeunes qui ne sont ni dans le système éducatif, ni en formation, ni dans l’emploi (NEET) est en forte progression (il a augmenté d’un million). « Cette hausse est considérable et porte, en 2013, le nombre de ces jeunes à environ 7,5 millions dans l’Union européenne, soit presque l’équivalent de la population de la Suisse », alerte l’Unicef. Elodie Bécu
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres