la tribune du samedi 3 janvier 2015
TERRORISME - Sahel : quand le danger vient du nord. Les forces de l'opération Barkane se déploient à la frontière entre le Niger et la Libye. Pour stopper les trafics et passages de terroristes venant du sud de la Libye, l'armée française a créé de toutes pièces, en plein désert nigérien, une base avancée temporaire.
"14 euros par Français, ce n'est pas cher pour notre sécurité"
Pourquoi avoir créé des bases françaises isolées comme à Madama au nord Niger ?
Dans l'opération Barkhane sur toute la bande sahélo-Saharienne, il nous a paru essentiel d'avoir des bases avancées. Il y avait Tessalit au Mali, Faya-Largeau et Abéché au Tchad, il manquait Madama au Niger pour contrôler le passage Salvador qui va de la Libye au Niger, une route caravanière qui est devenue une route des trafics en tout genre, armes, drogues... Il fallait enrayer cette logique. Nous sommes à Madama dans la durée pour que le contre-terrorisme aille jusqu'à son terme. Les attaques ont diminué dans cette partie depuis Barkhane. Il y a des résultats. 70 djihadistes neutralisés depuis septembre, c'est pas mal.
3 000 militaires français au Sahel, est-ce suffisant ?
C'est bien. Ils sont aujourd'hui dirigés par un Etat-major unique ce qui n'était pas le cas avant. Avec l'opération Barkhane, il y a une complémentarité des moyens terrestres, aériens et de renseignements, avec une bonne collaboration avec les pays du Sahel. C'est plutôt efficace.
Etes-vous favorable à une intervention en Libye d'où de nombreux terroristes partent pour frapper dans le Sahel ?
Non, une intervention militaire n'est pas à prévoir pour le moment. Même si la situation chaotique de ce pays ne peut pas durer. Il faut une prise de conscience politique internationale permettant d'éradiquer les djihadistes. Le problème concerne les pays riverains comme l'Algérie, Tchad, Tunisie, Niger... Il faut qu'ils interpellent les Nations Unis, l'Union africaine... pour engager un processus pour une feuille de route globale de pacification des la Libye.
Les pays du G5 Sahel ont-ils les capacités de se battre contre les terroristes ?
Des unités nigériennes comme à Madama contrôlent leurs frontières. Au Tchad, l'armée est structurée et assure vraiment la sécurité du pays. Certes l'armée du Mali est en reconstruction. L'armée du Burkina-Faso existe et fonctionne. Ces armées sont évidemment plus modestes que celle de la France. Elles remplissent leur rôle, certes, avec notre aide.
La France a-t-elle les moyens d'investir de l'argent dans ce genre d'opération?
Le surcoût des opérations extérieures que mène la France, c'est 14 euros par Français. Est-ce que la sécurité de la France ne vaut pas ce prix ? Propos recueillis par Patrice Barrère
Fort de Madama
Bande sahélo-saharienne
- 3 000 hommes dans l'opération Barkhane
- 70 dans le cadre de la formation de l'armée malienne
- 15 pour la mission de stabilisation de l'ONU au Mali
Afrique de l'ouest
- 450 hommes en Côte-d'Ivoire (l'opération Licorne s'est terminée le 31 décembre dernier)
- 350 dans le golfe de Guinée
Autres participations (ONU/Union européenne)
- 13 dans le Sahara
- 12 en République du Congo
- 10 au Kosovo
- 5 au Liberia, Sinaï, Bosnie
Afrique centrale
2 260 en Centrafrique
Océan Indien
420 pour les missions Atalante, Enduring freedom et les équipes de protection embarquées.
Asie centrale
150 en Afghanistan (la mission Pamir s'est terminée le 31 décembre dernier)
Moyen-Orient
800 en Irak, 900 au Liban
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