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IRAK - L'Etat islamique, c'est quoi ? L'organisation sème la terreur depuis plusieurs mois. Elle est désormais ciblée par les Etats-Unis. En l'espace d'une dizaine d'années, l'"Etat islamique" est devenue l'une des organisations terroristes les plus puissantes au monde.

En deux mois d'offensive, les djihadistes de l'Etat islamique (EI) se sont emparés de vastes pans du territoire irakien. Et au cours de la semaine dernière, ils ont pris aux Kurdes plusieurs villes dans la région de Mossoul ainsi que le barrage de Mossoul, réputé le plus grand du pays.

L'EI est dirigé par un Irakien très secret, nommé Abou Bakr al-Baghdadi. Il a succédé au Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, qui avait fondé le mouvement appelé Al-Qaida en Mésopotamie en 2004. Al-Zarqaoui avait été tué en 2006. Le groupe rassemble des djihadistes sunnites (la branche majoritaire de l'islam). Les combattants ont été recrutés dans les mouvements de la résistance irakienne contre les Américains.

Puis en Syrie,où le mouvement a profité de la guerre civile qui oppose la majorité sunnite au clan al-Assad, des Alaouuites (une branche dissidente du chiisme) pour prendre de l'ampleur, s'entraîner, et agréger de nombreux groupes djihadistes. Ils ne seraient que quelques milliers.

Le but du mouvement est de réduire à néant les "impies", les chrétiens, et même les musulmans chiites, et d'établir un califat islamique sunnite dans toute la région, à cheval entre la Syrie et l'Irak. Fin juin, l'EI a d'ailleurs proclamé un califat qui s'étend d'Alep (à l'ouest de la Syrie) jusqu'à Diyala, à l'est de l'Irak. A cette occasion, Al-Baghdadi a été proclamé "imam et calife de tous les musulmans" du monde. Le titre de calife, "successeur" de Mahomet, n'existait plus depuis 1923 et la chute de l'empire ottoman.

L'Etat islamique est riche : au fur et à mesure de sa conquête de l'Irak, il a perpétré de très nombreux pillages et enchaîné les demandes de rançons.Il s'est aussi emparé des zones pétrolifères et de villes, où il a pu trouver des armes. Le groupe maîtrise aussi très bien internet, qui leur sert à recruter, et à étendre sa propagande.

Et en Irak, personne ou presque ne fait le poids : le pays est divisé, l'Etat très faible, et, à l'exception des peshmergas kurdes, tout le monde a peur d'EI. La réputation sanguinaire et violente du groupe, qu'il véhicule notamment sur internet, fait fuir population et autorités. Et à juste titre : les chrétiens de Mossoul, par exemple, ont été contraints de se convertir ou de payer un impôt, sans quoi ils seraient tués.

Enfin, l'EI profite d'une situation qui lui est favorable : l'Irak est un des rares pays à majorité chiite. Sous Saddam Hussein, les sunnites avaient une place importante dans la vie du pays. Mais depuis sa chute, le pouvoir est entre les mains de Nouri Al-Maliki. Le premier ministre, chiite, est accusé d'avoir mené une politique confessionnelle qui a marginalisé la minorité sunnite. Les communautés sont excédées et la haine est exacerbée. Beaucoup de tribus sunnites collaborent avec l'EI. Florence Tricoire

En attendant la France

Alors que le président américain Barack Obama a promis de poursuivre les frappes aériennes pour aider les populations menacées par l'avancée jihadiste en Irak, la France a annoncé hier de premières livraisons d'équipements de premiers secours en Irak, selon François Hollande. Les combattants de l'EI ne se trouvent désormais qu'à 40 km d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.