le Progrès du dimanche 17 juillet 2016
RENSEIGNEMENT - EMPLOI. À LA DGSE, TOUJOURS PLUS DE CANDIDATS
Si certains mettent en cause les moyens du renseignement, au sein du principal service français, on s'estime cependant bien loti. Et on recrute toujours plus. En dépit de mesures de sécurité draconiennes.
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omme de très nombreux Français, je suis particulièrement affecté par les événements qui m'ont incité à écrire. Je ne veux pas vivre en France avec cette menace en restant les bras croisés". À l'image de cet candidature spontanée réceptionnée au lendemain du 13 novembre, la DGSE suscite toujours plus d'intérêt. La lettre émane d'un homme de niveau Bac +5, bien installé dans la vie active, et dont le profil n'a rien en commun avec le principal organe de renseignement français.
Les effectifs de la DGSE compteront, dans trois ans, 7 100 agents contre 6 300 aujourd'hui. Un artiste propose "humblement" ses services, "sachant", explique-t-il, "que je peux être utile dans la mesure où la meilleure arme contre le terrorisme est, il me semble, l'intelligence créative capable de faire preuve d'adaptation".
200 CV reçus chaque jour
Une constante parmi les 200 CV réceptionnés chaque jour en moyenne à la DGSE, et plus encore au lendemain d'événements tragiques : la volonté de s'engager. De "redonner du sens à ma vie", comme l'écrit si bien cette enseignante en langues.
Ici, au siège de la centrale boulevard Mortier dans le XXe arrondissement de Paris, les nouveaux venus sont toujours plus nombreux. Ils sont ingénieurs informatiques, spécialistes de télécoms et de réseaux. Ils ont, pour un certain nombre à l'image de Laurent, volontairement délaissé délaissé le privé. "On sait qu'on va faire des choses exceptionnelles avec des moyens hors norme, avec un immense sentiment de servir à quelque chose", expose le trentenaire dont les yeux brillent dès lors qu'il évoque le laboratoire où se développent gadgets et autres logiciels.
Babar
On attribue à la DGSE, qui dispose de la première capacité informatique d'Europe continentale, la création de de Babar, un programme destiné à scruter les messageries instantanées. Ou celle du logiciel espion Casper, capable de s'autodétruire en cas de détection.
On cherche des linguistes, des géographes, des crypto-mathématiciens, mais aussi des professionnels en logistique ou en production de froid, dernier profil méconnu et pourtant ô combien vital pour la gestion du supercalculateur, lequel place la DGSE dans le top 5 mondial en matière de stockage de métadonnées.
Reste, ainsi que le reconnaît le directeur de l'administration de la centrale, Charles Moreau, que "la sécurité, qui est dans notre ADN, demeure un écueil au recrutement".
Opérationnel au bout de deux ans
Ici, l'embauche s'effectue au terme de trois à quatre mois d'une enquête poussée au cours de laquelle l'entourage du candidat, mais également sa personnalité, laquelle fait l'objet d'expertises psychologiques, sont passés au crible. Ainsi, pour pallier les désistements, trois candidatures sont proposées par poste. Il s'en ouvre 500 chaque année. L'émulation étant manifestement importante, tout autant que la richesse des profils qui se côtoient, un agent de la DGSE est considéré comme clairement opérationnel au terme de deux ans.
"Très vite, ici, les gens ont des responsabilités importantes", affirme Christophe, un officier formé à Saint-Cyr, et depuis l'été dernier analyste au sein de la direction du renseignement. "Ce qui compte, ce sont la compétence et l'expérience, elles priment sur tout le reste". Au sein de la centrale, où la moyenne d'âge est de 42 ans, on estime, à entendre les agents, évoluer l'excellence. Et l'on en est désormais persuadé : "Les Français ont compris la menace et savent que la DGSE est un organe pour y répondre". Sébastien Michaux
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