le Progrès du dimanche 18 juin 2017
Comme redouté, le bilan, toujours provisoire, de l'incendie d'un immeuble de l'ouest de la capitale, s'est alourdi hier à 58 morts. Critiquée, Theresa May tente de calmer la colère des rescapés.
Londres n'en finit pas de pleurer ses morts. Au moins cinquante-huit personnes étaient hier considérées comme décédées dans l'incendie de la Grenfell Tower à Londres. Par ailleurs, dix-neuf blessés étaient toujours hospitalisés dont dix dans un état critique.
Le Bilan reste provisoire. "Ce nombre de cinquante-huit pourrait changer. J'espère que ce ne sera pas le cas, mais il pourrait augmenter", a prévenu un haut responsable de la police de la capitale britannique.
Cette tour HLM de 120 logements, répartis sur vingt-quatre niveaux, abritait officiellement 600 résidents.
Les opérations de recherche des corps pourraient prendre des semaines, peut-être davantage, en raison de l'état du bâtiment ravagé par le feu qui s'est déclenché dans la nuit de mardi à mercredi. Certaines victimes pourraient même ne jamais être identifiées.
L'ampleur de la catastrophe choque l'opinion publique. Dans la partie populaire du quartier de Kensington, à l'ouest de Londres, les proches des victimes et des membres de leur communauté sont en colère. Vendredi, certains ont investi la mairie locale, propriétaire du bâtiment sinistré, aux cris de "Honte à vous", "Tueurs". Les autorités locales sont accusées de ne pas avoir entendu les alertes concernant la sécurité de la tour datant de 1974 parce qu'elles provenaient d'une population majoritairement modeste.
De nombreux résidents ont affirmé qu'il n'y avait pas d'issue de secours, pas d'extincteur, pas d'alarmes incendie. Le revêtement installé l'an dernier sur la façade aurait en outre favorisé la propagation des flammes. L'origine du sinistre demeure incertaine - l'explosion d'un réfrigérateur a été relatée par la presse - mais les éventuels responsables seront traduits en justice, promet la police.
Une crise de trop pour Theresa May ?
Hier, des manifestants ont brandi des pancartes "Justice pour Grenfell" non loin du 10, Downing Street, la résidence officielle de la Première ministre conservatrice.
Critiquée pour la gestion de ce drame, Theresa May, déjà empêtrée dans la crise politique issue des législatives anticipées, a reçu hier un groupe de résidents et de victimes. Face à la polémique grandissante, elle a publié en fin de journée un long communiqué dans lequel elle assure avoir "entendu les inquiétudes". Elle y confirme le déblocage en urgence de 5 millions de livres, voire plus si nécessaire. Elle promet aussi le relogement de tous les sinistrés dans un délai de trois semaines. Sans convaincre la presse, très sévère cette "tombe dans le ciel sera à jamais le monument de Theresa May", écrit The Guardian. Londres et les Britanniques ne sortent décidément pas de la tristesse et des drames.
LE MESSAGE DE LA REINE ELIZABETH : "SOMBRE HUMEUR NATIONALE"
Dans ce climat de deuil, la reine Elizabeth II a adressé un message d'une gravité inhabituelle hier lors des célébrations officielles de son 91e anniversaire. "Cette année, il est difficile de ne pas ressentir la très sombre humeur nationale", a déclaré la souveraine. Évoquant la "succession de terribles tragédies" - trois attentats sanglants et l'incendie -, elle a invité ses sujets à puiser dans leurs ressources : "Quand il est mis à l'épreuve, le Royaume-Uni se montre déterminé face à l'adversité". La reine s'est rende dès vendredi au chevet des rescapés. Cette image d'Elizabeth II discutant avec des membres de la communauté locale a offert un contraste saisissant avec la réaction de Theresa May qui, après s'être rendue sur place jeudi sans rencontrer la population, y est retournée le lendemain sous les huées.
A découvrir aussi
- le Progrès du samedi 18 juin 2016
- le Progrès du mercredi 31 août 2016
- le Progrès du mercredi 25 janvier 2017
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 59 autres membres