le Progrès du dimanche 30 août 2015
PROCHE-ORIENT - La grande colère des Libanais. 25 ans après la fin de la guerre civile, le pays est toujours désorganisé. Des dizaines de milliers de Libanais, de toutes les confessions, ont exprimé hier à Beyrouth leur rancoeur envers une classe politique jugée corrompue et incapable. Quelle sera la suite du mouvement ?
Du jamais vu dans le Pays du cèdre ! Une manifestation a rassemblé des dizaines de milliers de Libanais, toutes confessions confondues, hier à Beyrouth. A l'appel de collectifs issus de la société civile, le peuple est descendu dans la rue pour exprimer son ras-le-bol à l'égard du pouvoir politique qu'il juge corrompu et incapable d'offrir les services de base.
Vingt-cinq ans après la fin de la guerre civile qui a déchiré le pays de 1975 à 1990, l'électricité est rationnée et chaque été l'eau vient à manquer dans de nombreuses régions à cause du manque de barrages alors que le Liban est le plus arrosé de la région.
"Bye, bye aux corrompus", scandait une foule immense sur la Place des Martyrs, lieu emblématique de la capitale. Des manifestants arboraient un tee-shirt blanc portant la mention "Vous puez", d'autres des drapeaux libanais sur lesquels on pouvait lire "On en a marre".
Crise des ordures
"C'est votre pays, c'est votre terre. Aucun de nous n'a ni eau, ni électricité. Prenez la rue, pour vos enfants, pour votre pays", avait lancé avant le rassemblement Assaad Thebian du collectif "Vous puez" à l'initiative de la mobilisation. La campagne de protestation a commencé avec la crise des ordures provoquée à la mi-juillet par la fermeture de la plus grand décharge du Liban et l'amoncellement des déchets dans les rues. Mais cette mobilisation illustre surtout le raz-le-bol d'une population contre la corruption endémique, le dysfonctionnement de l'Etat et la paralysie des institutions politiques.
Le collectif "Vous puez" réclame, entre autres, la démission du ministre de l'Environnement, le transfert de la collecte des déchets aux municipalités et la tenue d'élections législatives et présidentielle. "Mardi soir, si nos demandes ne sont pas satisfaites, nous irons vers l'escalade", a prévenu un des organisateurs sans dire à quoi il faisait allusion. Un autre groupe - "Le peuple veut" - réclame "des hôpitaux, de l'électricité, une solution pour les ordures et la chute du régime confessionnel".
Et crise politique
Depuis le dernier scrutin de 2009, le Parlement a prolongé à deux reprises son mandat et les députés se sont montrés incapables d'élire un président de la République. Le poste est vacant depuis mai 2014 dans ce pays profondément divisé où le système politique est basé sur une répartition confessionnelle des postes. Le caractère unitaire de la manifestation d'hier, organisé par la société civile, tranche avec le morcellement entre communautés.
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