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POLEMIQUE - Le pouvoir verrouille la presse d'opposition. Après le blocage récurrent des réseaux sociaux, les arrestations de journalistes (comme ceux du quotidien Cumhuriyet qui doivent être jugés fin mars), les purges dans le police et la justice, le pouvoir turc a franchi un nouveau pas dans la nuit de vendredi à samedi en plaçant sous tutelle le quotidien Zaman, journal d'opposition à très fort tirage.

Ce coup de force des autorités a provoqué de vives réactions des défenseurs de la liberté de la presse. Dans la nuit, et encore hier dans la journée, la police a dispersé, avec des canons à eau et des tirs de balles en caoutchouc, la foule rassemblée pour contester cette opération. C'est "Un jour de honte" pour la liberté de la presse, avait expliqué hier le quotidien visé, titrant "La Constitution est suspendue".

Sommet à Bruxelles

Le quotidien Zaman est considéré comme un proche de l'imam Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis mais que Recep Tayyip Erdogan accuse de vouloir le renverser. Cet ancien allié du président turc est devenu l'ennemi numéro un depuis un scandale de corruption qui a éclaboussé le sommet de l'Etat fin 2013.

Faut-il rapprocher cette intervention contre la presse du sommet crucial sur les migrants entre l'Union européenne (UE) et la Turquie qui se tient demain à Bruxelles ? "C'est plutôt une coïncidence, il n'y a pas de raison tactique du pouvoir turc car ce serait trop dur à expliquer à Bruxelles", estimait hier depuis Istanbul un observateur de la situation politique.

L'UE comme les Etats-Unis se sont inquiétés hier de cette escalade dans la répression contre la presse. "En tant que pays candidat (à l'UE), la Turquie doit respecter et promouvoir des normes pratiques démocratiques élevées, dont la liberté des médias" a dit Bruxelles hier. Xavier Frère