le Progrès du jeudi 1er décembre 2016
GUERRE - PLUIE D'OBUS SUR ALEP-EST : LES HABITANTS EN ENFER
Plus de 50 000 personnes ont fuit la ville en quatre jours et les combats entre rebelles et forces du régime. L'ambassadeur français du Conseil de sécurité redoute "un des plus grands massacres de civils depuis la Seconde Guerre mondiale".
"Laissez les civils sortir !" Le président du conseil local des quartiers rebelles d'Alep-Est a réclamé hier la mise en place d'un "corridor sûr pour qu'ils puissent partir". Brita Hagi Hassan, qui rencontrait à Paris le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, sera-t-il entendu ? Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu était prévue dans la soirée. "La France et ses partenaires ne peuvent pas demeurer silencieux face à ce qui pourrait être un des plus grands massacres de civils depuis la Seconde Guerre mondiale", a mis en garde l'ambassadeur français au Conseil de sécurité.
Plus de 300 civils tués
Plus de 50 000 personnes, terrifiées par de violents combats, ont fui l'avancée des forces du régime syrien dans les quartiers rebelles de la deuxième ville du pays depuis quatre jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Plus de 20 000 d'entre elles ont trouvé refuge dans la partie ouest contrôlée par le gouvernement, 30 000 autres ont rejoint l'enclave de Cheikh Maqsoud aux mains des forces kurdes. Soutenues par des bombardements intensifs, les forces du régime de Bachar al-Assad ont conquis désormais près de 40 % d'Alep-Est, la partie contrôlée par différents groupes rebelles depuis 2012. Elles poursuivaient hier leur avancée.
"Les obus tombent comme la pluie, on ne peut pas mettre le nez dehors", témoignait un correspondant de l'Agence France Presse, cloîtré chez lui. Depuis le début de l'offensive du régime le 15 novembre, plus de 300 civils, dont 33 enfants, ont été tués. Mais cela fait déjà quatre mois qu'Alep-Est (250 000 habitants) est assiégé sans nourriture, médicaments et électricité. La perte de ce bastion représenterait un immense revers pour l'opposition, déjà très affaiblie politiquement et militairement après cinq ans et demi de guerre.
Fawwaz al-Achaari, 51 ans, est parti dans un centre d'accueil à Jibrine, à une dizaine de kilomètres au nord : "J'ai perdu mon fils aîné, mon travail, ma maison. Le reste de mes enfants ne demandent qu'à vivre en sécurité, ils ont vu la mort à plusieurs reprises, je veux qu'ils connaissent la vie". La situation est "alarmante et effrayante", confirme le patron des opérations humanitaires de l'Onu, Stephen O'Brien. Outre "l'intensification des combats au sol et les bombardements aériens aveugles", plus aucun hôpital ne fonctionne et "les stocks alimentaires sont presque épuisés". Le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) conclut : "C'est une lente descente aux enfers".
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