le Progrès du jeudi 2 mars 2017
SOCIÉTÉ - MALTRAITANCE DES ENFANTS. UN PLAN CONTRE LES VIOLENCES INFANTILES
Largement sous-évalué, la maltraitance infantile est au coeur du plan interministériel lancé hier par le ministre Laurence Rossignol. Avec pour but, la sensibilisation de l'opinion et l'encouragement à la prévention.
"Amener tout le monde à penser l'impensable", et ce, "pour sortir les violences faites aux enfants de l'invisible et de l'indicible". Exprimée une première fois lors des ses voeux le 23 janvier, la ministre de la Famille, de l'Enfance et du Droit des femmes Laurence Rossignol, a réitéré hier son intention de s'attaquer au sujet. Une initiative inédite, peut-être la dernière du quinquennat hollandais, avec la création d'un plan interministériel de lutte contre les violences faites aux enfants.
Laurence Rossignol, en fonction depuis février 2016, justifie le moment choisi par l'accumulation d'expérience acquis à la tête de son ministère. À l'instar des programmes lancés contre les sévices infligés aux femmes, celui-ci s'échelonnera sur trois ans (2017-2019).
Potentiellement deux morts d'enfants par jour
Si une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint, quid des enfants ? Aucune conclusion chiffrée ou, en tout cas, synonyme de fiabilité n'existe à ce jour. Une esquisse de données officielles recensait 17 cas d'infanticides par an entre 1996 et 2000. Une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), sous la direction d'Anne Tursz, réévalue le bilan à 255, soit quinze fois plus. Une hypothèse extrapolée suppute le décès de deux enfants de moins de quinze ans par jour.
Pour pallier ces imprécisions et endiguer le fléau, la ministre propose une série de mesures, en première desquelles la publication annuelle d'un recensement des enfants morts par maltraitance. Une autopsie post-mortem des nourrissons à la suite d'une mort ne présentant aucun signe annonciateur deviendra systématique. Toujours selon l'étude, un tiers des défunts "accidentels" relèverait de causes suspicieuses ou violentes.
Le lancement d'une campagne de communication
Tous les hôpitaux disposeront par ailleurs, dès le mois prochain, d'un médecin volontaire référent sur les violences à l'encontre des enfants. Une manière de "contraindre ce monde à se pencher sur la question" selon la chercheuse, alors que seulement 5 % des préoccupations à l'adresse de la protection de l'enfant émanent d'une institution médicale.
La proposition de Laurence Rossignol suggère également de munir par défaut les systèmes d'exploitation d'un contrôle parental en vue de prévenir l'exposition à la pornographie. Enfin, le gouvernement relayera une campagne de communication sous le slogan "Enfants en danger : dans le doute agissez !" pour démocratiser le numéro 119.
Ce dernier et le 3919, celui destiné aux femmes battues, verront leurs liens renforcés dans la mesure où "tout enfant qui assiste à des violences conjugales est présumé victimes". Depuis le début de l'année, neuf infanticides ont été relayés par la presse. Dernier cas en date, celui de Yanis, cinq ans, mortellement puni pour avoir fait pipi au lit. Romain Sinnes
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