le Progrès du jeudi 25 février 2016
SANTE - En pleine négociation avec la sécurité sociale. Les jeunes médecins généralistes veulent avant tout "une vie équilibrée". Les médecins libéraux ont entamé une difficile négociation avec l'Assurance-maladie pour obtenir des revalorisations. Mais pour beaucoup, de meilleures conditions de travail avec un rythme de vie équilibré, reste la priorité.
"Avoir un rythme de vie équilibré". Plus q'une augmentation du prix de la consultation, brandi comme un moyen de lutter contre la crise de la médecine générale, les jeunes médecins plébiscitent de meilleures conditions de travail : ils refusent isolement et horaires à rallonge.
"Autrefois, c'était la guerre"
A 63 ans, le docteur Pierre Blandeau peut enfin savourer sa retraite à la Garnache, bourgade de 5 000 âmes à 40 minutes de Nantes. Il aura fallu plus d'un an pour trouver un successeur désireux de reprendre ses patients, après 37 ans de service. Comme lui, ils seront encore nombreux à partir prochainement : plus d'un quart des médecins ont 60 ans et plus. En baisse de 10 % depuis 2007, le nombre de généralistes devrait encore décroître de 7 % d'ici à 2020.
Annonces dans les facs, au Conseil de l'ordre... Le docteur Blandeau a tout essayé avant de poster un message désespéré mais décisif sur... Facebook. "C'est quand même dommage d'en arriver là", déplore-t-il. "Autrefois, c'était la guerre pour s'installer, on rachetait la patientèle du médecin qu'on remplaçait", explique celui qui a cédé son matériel gratuitement. Mais le modèle du médecin de famille, installé seul à la campagne pour des centaines de patients, n'a plus le vent en poupe. Et l'augmentation de revenus réclamée par les syndicats pourrait ne pas suffire.
"Travailler en groupe"
"Les jeunes ont envie d'avoir un exercice compatible avec un bon rythme de vie et de travailler en groupe", constate Yves-Marie Vincent, le président de l'Isnar-IMG, syndicat d'internes, s'abstenant de toute revendication tarifaire. Et la prise en compte du travail de leur conjoint ou des besoins de leurs enfants n'incite guère à l'installation en zone rurale.
Certes, les syndicats de médecins libéraux ont "raison" de réclamer l'équité entre généralistes et spécialistes avec une consultation de base, de 23 € depuis 2011, à 25 €, estime-t-on sur le terrain. Mais "les priorités ne sont plus les mêmes", confirme Emilie Frelat, présidente du syndicat national des jeunes médecins généralistes, rappelant qu'aujourd'hui près de 60 % des nouveaux médecins sont des femmes. Les jeunes sont plus sensibles aux avantages du salariat en matière de protection sociale. Prenant acte, le gouvernement a d'ailleurs annoncé la création d'un congé maternité pour les femmes ne pratiquant pas de déplacements.
"Pas de désaffection durable"
Didier Tabuteau, responsable de la Chaire Santé de Sciences-Po, ne "croit pas à une désaffection durable de la médecine libérale". Les jeunes s'installent moins rapidement. Il y a un manque de reconnaissance évident, on est dans une période de perturbations... Mais ils désirent surtout une meilleure organisation", conclut-il.
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