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SOCIÉTÉ - LA FRANCE S'HABITUE PEU À PEU À VIVRE DURABLEMENT AVEC LE RISQUE D'ATTENTATS MULTIFORMES

Les Français apprennent à vivre avec le terrorisme

Déjà en janvier 2015, le Premier ministre Manuel Valls avait appelé les Français à s'habituer à vivre avec les attentats. L'avenir lui a donné raison. L'ancien ministre de la Défense Hervé Morin va plus loin. Il pense que la France doit "israéliser" sa sécurité.

ésormais, les terroristes inspirés par Daech frappent partout et leurs cibles semblent de plus en plus variées et donc imprévisibles. Depuis les attentats du 13 novembre à Paris, les attaques se sont multipliées. Le 13 juin, un couple de policiers assassiné à son domicile de Magnanville dans les Yvelines. Le 14 juillet, un camion lancé à toute vitesse fauche les spectateurs du feu d'artifice sur la promenade des Anglais à Nice. Quant à la prise d'otage de mardi matin, elle ne visait ni la cathédrale de Rouen ni la célèbre église dédiée à Jeanne d'Arc érigée à l'emplacement de son bûcher, mais une église bien plus modeste et totalement ignorée des touristes, celle de Saint-Étienne-du-Rouvray, dans la banlieue de Rouen.

"Une grande période de tourmente qui va durer"

Les Français vont-ils devoir s'habituer à vivre avec des attentats ? C'est ce que pense Hervé Morin, le président UDI de la région Normandie. "La France a vécu en paix pendant des décennies. Elle vit une grande période de tourmente qui va durer", estime l'ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy dans un entretien au Figaro publié hier. "Il ne faut pas hésiter à s'inspirer de ce qui a été fait dans les pays durement frappés par le terrorisme - je pense notamment à Israël. Il nous faut "israéliser" notre sécurité", affirme l'élu centriste, qui semble vouloir préparer ses compatriotes à une société ultra-sécurisée. Ses propos lui ont attiré les foudres de nombreux internautes qui refusent tout amalgame avec le conflit israélo-palestinien.

Déjà en janvier 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, Manuel Valls avait appelé les Français à s'habituer à vivre avec le terrorisme. "Les jeunes Français doivent s'habituer à vivre durablement avec la menace d'attentats", avait déclaré le Premier ministre devant les élèves d'un lycée agricole en Seine-et-Marne. "Votre génération, votre classe d'âge, doit s'habituer à vivre avec ce danger pendant un certain nombre d'années".

Les militaires de Sentinelle font partie du paysage

Les 10 000 militaires de l'opération Sentinelle déployés dans les gares, les aéroports et les rues commerçantes font désormais partie du paysage. Leur nombre ne sera pas réduit, contrairement à ce que préconisait le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015. Au contraire, ils seront encore plus nombreux en province. Les Français se sont aussi habitués à voir leurs sacs fouillés à l'entrée des magasins et des salles de spectacle, tout comme ils font fait leur deuil des kermesses dans les écoles. Ils n'ont pas non plus été surpris d'apprendre que plusieurs événements festifs avaient été annulés après l'attentat de Nice.

"L'état d'urgence décrété après les attentats du 13 novembre a encore été prolongé au lendemain de l'attaque terroriste sur la promenade des Anglais à Nice, alors que le gouvernement avait prévu d'y mettre fin après le Tour de France;

Manuel Valls a affirmé à l'Assemblée nationale - pendant le débat sur sa prolongation - que l'état d'urgence avait permis de déjouer plusieurs attentats, dont celui visant l'Euro 2016 qui aurait été planifié par le djihadiste Reda Kriket, arrêté en mars dernier dans les Hauts-de-Seine.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a prévenu toutefois que "l'état d'urgence ne peut pas être un état permanent". Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a, lui, une nouvelle fois regretté que "l'état d'exception devienne un état normal de notre législation" et que "celle-ci comporte des mesures permanentes restrictives des libertés". Luc Chaillot

"Le monde est en guerre, parce qu'il a perdu la paix. Mais, quand je parle de guerre, je parle d'une guerre d'intérêts, d'argent, de ressources, pas de religions. Toutes les religions veulent la paix". Le pape François, au lendemain de l'assassinat du père Jacques Hamel