le Progrès du lundi 22 août 2016
EUROPE - MINI-SOMMET
Après le Brexit, François, Angela et Matteo à la relance
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atteo Renzi aime les symboles. L'île de Ventotene, au large de Naple, a servi sous la dictature fasciste de lieu d'exil des opposants politiques, dont Altiero Spinelli, l'un des pères de l'Europe. Et c'est là que le président du Conseil italien a convié à dîner la chancelière allemande et le président français, afin de relancer une Europe encalminée par le Brexit...
Verrouillage des frontières
La force du symbole ne garanti pas la réussite de l'opération. Ces trois-là s'étaient déjà rencontrés à Berlin au lendemain du Brexit. En était sorti un long texte appelant à "se mettre d'accord sur des projets concrets à réaliser dans les six prochains mois pour la croissance et la sécurité". Las, le sommet à 27 (sans le Royaume-Uni) réuni deux jours plus tard à Bruxelles évoquait à peine ces "projets concrets"...
Il reste toujours à préciser, à l'approche d'un nouveau sommet à Bratislava, le 16 septembre. Des pistes se font jour sur la sécurité extérieure, comme un "fonds européen" soutenant des investissements en commun dans des programmes de défense. Autre (vieille) piste, un "GQG européen", un grand quartier général coordonnant les actions extérieures des forces européennes. Sur la sécurité interne, les projets tournent autour du verrouillage des frontières - extérieures avec Frontex, et intérieures par une meilleure coopération des services.
Investissement ou rigueur ?
Ici apparaissent les limites de l'exercice. Le débat sur la sécurité, dominé par la question des réfugiés et du terrorisme, divise l'Union entre est et ouest : quand Angela Merkel ouvre la porte aux réfugiés, le Premier ministre slovaque (et actuel président de l'Union) Roberto Fico dénonce "un lien entre immigration et terrorisme".
Fortes divergences également sur l'autre volet de la relance, l'économie. Elle divise cette fois l'Union entre sud et nord, et entre gauche et droite (les deux se recoupant). Quand les socio-démocrates François Hollande et Matteo Renzi réclament un doublement du "plan Juncker" d'investissement, la conservatrice Angela Merkel répond rigueur budgétaire et réformes structurelles...
Les divergences existent, mieux vaut en parler, expliquent les diplomates pour justifier ces rencontres. Sans doute, mais on voit mal comment les 27 accoucheront à Bratislava d'un plan concret pour l'Europe. De toute façon, si le Royaume-Uni continue de jouer la montre, le Brexit ne sera pas effectif avant fin 2019. Cela ménage à Matteo, Angela et François le temps de quelques autres dîners très symboliques... Francis Brochet
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