le Progrès du lundi 31 juillet 2017
LE JEU VIDÉO, BIENTÔT UN SPORT COMME LES AUTRES
La popularité de l'e-sport est en train d'exploser. Pendant que l'argent afflue via les sponsors, le métier de joueur professionnel se structure. Rencontre avec ceux qui participent à cette vague.
Début juillet, au Palais des Congrès de Bordeaux. Ils sont plus de 1 200 spectateurs dans l'auditorium et des milliers d'internautes à attendre avec impatience la phase finale du tournoi de la Masters League.
L'enjeu, une place finale pour l'EVO, l'équivalent du championnat du monde, à Las Vegas (qui a eu lieu mi-juillet). Car on ne parle pas d'un tournoi de foot ou de poker, mais de jeu vidéo de combat "Street Fighter V". Le tout organisé... par la Française des jeux.
Le-sport, la pratique compétitive du jeu vidéo, est en passe d'attirer autant de sponsors-organisateurs que le sport traditionnel comme la Française des Jeux, mais aussi Philips, SFR, Airbus...
Chercher les jeunes
"Notre but est d'aller chercher les jeunes sur leur terrain de jeu, plutôt que de la amener sur le nôtre, explique Raphaël Botbol, en charge de la FDJ e-sport. Dans ce but, nos avons créé en février une marque spécifique, extérieure aux jeux d'argent, pour développer notre communauté. En quelques mois, l'engouement a explosé".
Au point déjà de gagner de l'argent ? "Nous sommes dans l'investissement pur, reconnaît Rhaphaël Botbol, sans donner de chiffres. À terme, les revenus viendront de plusieurs facteurs : sponsors, frais d'inscription... Mais aussi les droits télévisuels. Beaucoup de chaînes de télés s'y intéressent". Là encore, le but est de capter es jeunes, gros consommateurs et donc chouchous des marques.
"Les audiences sont encore modestes, reconnaît Matthieu Dallon, directeur général d'Oxent, organisateur de tournois. Mais quand les compétitions FIFA font 200 300 000 spectateurs sur l'Équipe TV, ce sont des chiffres satisfaisants pour la TNT". "On ne croit pas que ce soit une bulle, mais un marché pérenne", ajoute Raphaë Botbol.
"On a la Ligue des champions, il manque le CFA"
Autre point amené à évoluer, les tournois eux-mêmes. Car, outre cette Masters League, réservé aux joueurs pros, FDJ e-sport organise également deux tournois pour les amateurs. "L'e-sport a commencé à se structurer par des tournois de pros, des championnats du monde. Mais nous voulons avoir des structures dans l'e-sport accessibles à tous les joueurs. On a la Ligue des champions, on veut créer l'équivalent du CFA en football", explique Mathieu Dallon.
À Bordeaux, la Masters League se conclus su la victoire de l'Anglais Infexious. À la sortie, le stand Airbus alpague public et joueurs. Le but, recruter des jeunes fans de jeux vidéo pour les métiers de l'informatique. L'e-sport évolue encore : il a déjà ses filières de reconversion. À Bordeaux, Thibault Liessi
L'ÉPINEUSE QUESTION DES CONTRATS DES JOUEURS
Depuis le 1er juillet, le décret encadrant l'e-sport en France est officiellement entré en application. Ce texte couvre ainsi l'organisation de tournois, mais aussi les contrats des joueurs.
Un aboutissement ? Pas encore pour le président de France e-sport, Stéphane Euthine : "On est content, mais la loi sur les contrats est incomplète. On doit envoyer des agréments sur ces contrats de travail, mais d'une part, on ne pas sait pas quoi mettre ans ce contrat (quelle convention, quel régime...) ni définir quand est-ce qu'un joueur travail et quand il joue pour son loisir ; et d'autre part, on ne sait pas à qui on l'envoie : on ne dépend encore de personne, ni du secrétariat d'État au Numérique, ni du ministère du Travail... On est dans le flou et si l'Urssaf nous tombe dessus, ce serait dévastateur".
Stéphan Euthine, par ailleurs directeur de l'équipe e-sport LDLC, craint ainsi la concurrence étrangère : "Pour le contrat de travail, on est les premiers, cocorico. Mais cette légalisation va amener un surcoût (logique avec nos avantages sociaux). Or le reste de l'Europe n'a pas encore de contrats. On peut venir débaucher des joueurs français qui n'auront pas à déménager (le terrain de jeu est virtuel, et qui gagneront plus. C'est bien d'être cocardier, c'est mieux quand ça marche".
Et en attendant une législation européenne, "inévitable à terme, et qui mettra tout le monde sur la même ligne", Stéphan Euthine demande une rencontre avec le gouvernement : "Déjà, pour savoir de qui on dépend, ensuite pour aider les équipes à passer le cap des contrats. J'estime qu'on a 6 six mois, et la fin de saison de la plupart des jeux, pour résoudre ces problèmes. Au-delà, l'e-sport en France va subir un vrai coup d'arrêt". T.L
LES JEUX LES PLUS JOUÉS
■ "League of Legende"
Jeu PC sorti en 2009, développé par l'américain Riot Games, il oppose deux équipes de cinq joueurs dans une arène comprenant des couloirs. Chaque équipe a une base et doit détruire le camp adverse pour l'emporter. Il s'agit du jeu le plus vu sur le service de jeux Twitch.
■ "Street Fighter"
Créée par le japonais Capcom, cette série de jeu sur consoles existe depuis 30 ans. Deux joueurs s'opposent dans des combats d'arts martiaux. Le volet actuel est "Street Fighter V". Le Français Olivier "Luffy" Hay a remporté l'EVO (le championnat du monde des jeux de combat) en 2014. C'est le Japonais Hajime "Tokido" Taniguchi qui a remporté l'EVO 2017.
■ "Fifa"
Le jeu officiel de la fédération internationale de football (dont la série existe depuis 1994), développé par l'américain EA, oppose deux joueurs, qui contrôlent une équipe chacune. Le Français Bruce "Spank" Grannec est double champion du monde (en 2009 et 2013).
■ "Counter-Strike"
Jeu de tir sur PC, dont la première version date de 1999, il oppose deux équipes de cinq joueurs. Le but est soit réaliser des objectifs (désamorçage de bombe, libération d'otages...), soit éliminer tous les joueurs adversaires.
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