le Progrès du mardi 28 juin 2016
ESPAGNE - LÉGISLATIVES. VICTOIRE SANS CERTITUDES POUR MARIANO RAJOY
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy sort renforcé du vote de dimanche et va tenter de former un gouvernement après six mois de blocage. Mais sa personne suscite l'aversion de ses alliés potentiels centristes ou socialistes.
Podemos a fait monter la droite
Mariano Rajoy peut même remercier Unidos Podemos. La droite a habilement agité l'épouvantail "de cette alliance d'extrémistes et de communistes", remobilisant son électorat et rapatriant des électeurs libéraux et modérés mécontents, qui en décembre s'étaient portés sur Ciudadanos, l'autre trublion de l'échiquier politique espagnol. La déflagration du Brexit a peut-être accentué ce phénomène du vote-sécurité en faveur du gouvernement en place, finalement pas affecté dans les urnes par les scandales de corruption qui l'ont poursuivi jusqu'à vendredi.
Mariano Rajoy a tenté hier dès hier de tirer profit de ce succès, appelant tous les partis "en, commençant par les socialistes". Ces derniers lui ont aussitôt répondu : "Nous n'appuierons Rajoy ni par action ni par omission".
Rajoy vainqueur... Indésirable
À défaut de grande coalition des deux grandes formations sur le modèle allemand, solution n°1 de Rajoy, le PP peut se tourner vers Ciudadanos. Son leader Albert Rivera pose un préalable : "Nous n'allons pas appuyer un gouvernement de Mariano Rajoy".
En clair, les alliés potentiels du PP souhaitent éliminer le vainqueur du match retour. Chef du gouvernement en place et patron du parti, Rajoy n'est pas du genre à se sacrifier. La troisième possibilité, une coalition à gauche PSOE-Unidos Podemos avec les régionalistes catalans, est plus ténue, car elle impliquerai un référendum sur l'indépendance de la Catalogne contraire au programme des socialiste. Reste la tentation du troisième vote, si fin septembre aucun compromis n'est trouvé. La Commission, la banque centrale européenne, les dirigeants d'entreprise et les marchés (l'iBex, l'indice de la Bourse de Madrid résistait beaucoup mieux que les autres au deuxième effet Brexit), ont prévenu hier que la non-gouvernance avait trop duré. L'été politique s'annonce chaud en Espagne. Pascal Jalabert
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