le Progrès du mardi 3 janvier 2017
CES CONFLITS OUBLIÉS, LOIN DE LA SYRIE
Un institut allemand recense 223 conflits violents dans le monde, dont 19 classés comme des guerres
Les horreurs de la Syrie font passer au second plan d'autres conflits meurtriers, comme la guerre civile au Sud Soudan. Une guerre se poursuit en Europe, dans l'est de l'Ukraine, et la guerre des cartels agite le Mexique.
Une guerre civile fait rage au Sud Soudan depuis décembre 2013 mais personne ne sait combien de personnes ont été tuées en trois ans. Les Nations unies parlent de 50 000 morts. Des ONG évoquent un bilan qui pourrait atteindre 300 000 morts, soit quasiment autant qu'en Syrie en cinq ans. Le plus jeune pays du monde, indépendant depuis 2011, est le théâtre d'un des conflits oubliés, dont presque personne ne parle, malgré des accusations de "nettoyage ethnique" et le risque de génocide dénoncés par l'ONU.
Chaque année depuis 1991, l'Institut de recherche sur les conflits de Heidelberg (Allemagne) réalise un baromètre des conflits dans le monde. Le dernier, en février 2016, en recense 409, dont 223 ayant donné lieu à des affrontements violents. Les chercheurs ont répertorié 19 guerres, le même nombre que le baromètre précédent. Trois conflits se sont transformés en guerres selon l'Institut :
en Turquie (contre les séparatistes kurdes du PKK)
aux Philippines (contre des rebelles islamistes)
au Soudan (une guerre pour des terres et du bétail)
■ L'Ukraine, la seule guerre en Europe
La guerre pour le contrôle de la région du Donbass entre les forces séparatistes pro-russes et l'armée ukrainienne a fait 4 000 morts en deux ans, y compris les 298 occupants d'un Boeing 777 de la Malaysia Airlines abattu par un missile anti-aérien le 17 juillet 2014. Le plan de paix signé en février 2015 à Minsk en présence de François Hollande, Angela Merkel et Vladimir Poutine, n'a pas empêché la poursuite du conflit.
■ La guerre des cartels de la drogue au Mexique
C'est la seule véritable guerre encore répertoriée sur le continent américain, après l'accord de paix en Colombie entre le gouvernement et la guérilla marxiste des Farc. Au Mexique, les affrontements entre les trafiquants de drogue et le gouvernement ont redoublé de violence. L'armée a déployé 6 000 soldats pour combattre le cartel de Jalisco, organisé comme une force militaire.
■ La guerre menée par Boko-Haram en Afrique
L'Afrique subsaharienne est le théâtre de près d'un quart des conflits mondiaux et neuf pays africains sont concernés par les guerre, d'après l'Institut de recherche sur les conflits de Heidelberg. Une de ces guerres est menée par Boko Haram qui s'aventure désormais hors de son fief du Nigeria et attaque les pays limitrophes, dont le Tchad et le Cameroun. Après l'enlèvement de 276 lycéennes en avril 2014, le groupe djihadiste est retombé dans l'ombre. Ses raids ont pourtant fait 14 000 morts en deux ans et son chef a fait allégeance à Daech.
■ Au Yémen, guerre à distance entre l'Iran et l'Arabie saoudite
Depuis deux ans, le Yémen est le théâtre d'un conflit sanglant entre l'armée gouvernementale, appuyée par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite, et des rebelles chiites houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa avec le soutien de l'Iran. La guerre dans l'ancienne Arabie heureuse a fait plus de 7 000 morts depuis mars 2015, d'après l'Onu. L.C.
Conflits dans le monde: La carte des zones dangereuses
■ Soudan : 13 ans de guerre au Darfour
La guerre au Darfour dure depuis 13 ans. Elle aurait fait près de 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés. La Cour pénale internationale a délivré deux mandats d'arrêt à l'encontre du président soudanais Omar et-Béchir pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.
■ Somalie : pas de paix depuis 25 ans
Les shebab ont été chassés de la capitale Mogadiscio en 2011 mais ils contrôlent toujours une partie du territoire désertique malgré l'offensive du gouvernement appuyé par 22 000 soldats de la force de l'Union africaine.
■ Afghanistan : le retour en force de talibans
Les talibans regagnent du terrain dans plusieurs provinces après le retrait des troupes américaines. En 2016, les combats qui les opposent à l'armée régulière ont fait 2 600 morts parmi les civils selon l'Onu.
■ Libye : le pays reste instable après la chute de Syrte
Les djihadistes de Daech ont été chassés de leur fief de Syrte mais leur défaite ne signifie pas la fin de la guerre en Syrie. La ville bombardée par l'aviation américaine a été détruite et les combats ont fait plus de 700 morts. Le Libye reste en proie à des milices qui se disputent le pouvoir et les richesses. Le pays compte deux armées rivales et le risque d'affrontements reste grand.
Irak - Bagdad ensanglantée pendant la visite de Hollande
Loin des théâtres de ces conflits oubliés, François Hollande a débuté son année 2017 par une visite officielle en Irak, sa deuxième après celle de septembre 2014.
Arrivé hier matin, le chef de l'État a affirmé à Bagdad, lors d'une déclaration commune avec son homologue irakien Fouad Massoum, qu'"agir contre le terrorisme en Irak, [c'était] aussi prévenir des actes terroristes sur notre sol".
Seul dirigeant majeur de la coalition internationale contre Daech à s'être rendu dans le pays depuis deux ans et demi, quand "la situation était particulièrement dégradée à Bagdad et sans le reste du pays", a-t-il souligné, François Hollande s'est félicité de l'engagement de la France. Celle-ci "a pris ses responsabilités sur les plans politique et militaire", a-t-il déclaré, avant d'en tirer des enseignements positifs.
"Les résultats sont là, a affirmé le président de la République. Daech est sur le recul". Il s'est également rendu à un poste avancé dans la plaine de Ninive, toute proche de la ville de Mossoul, que l'armée irakienne tente de reprendre à Daech. "La bataille de Moussoul est en train d'être gagnée", avait-il estimé auparavant. "Nous pourrions atteindre cet objectif, autant qu'il sera possible, au printemps, en tout cas avant l'été".
Comme pour lui répondre, trois attentats ont une nouvelle fois ensanglanté la capitale irakienne pendant sa visite. L'un d'entre eux, une attaque à la voiture piégée dans le quartier majoritairement chiite de SadrCity, revendiquée par Daech, a fait au moins 32 morts et 61 blessés. Dans l'après-midi, François Hollande a poursuivi sa visite à Erbil, au Kurdistan irakien, à la rencontre des forces françaises qui conseillent les peshmergas, les combattants kurdes engagés dans la lutte contre Daech.
VERS UNE ONU PLUS "AGILE ET EFFICACE"
Antonio Guterres a succédé à Ban Ki-Moon le 1er janvier. L'ancien Premier ministre portugais réussira-t-il à redonner un nouveau souffle à l'ONU, très souvent impuissante à résoudre les conflits dans le monde ? "Il est temps pour l'Onu de reconnaître ses insuffisances et de réformer la manière dont elle fonctionne", a déclaré Antonio Guterres lors de sa prestation de serment le 12 décembre. "Il faut davantage de médiation, d'arbitrage et de diplomatie préventive", a-t-il ajouté, souhaitant une Onu plus "agile et efficace".
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