le Progrès du mardi 8 mars 2016
TUNISIE - Au moins 52 morts. Des attaques djihadistes sans précédent. Pour la deuxième fois en moins d'une semaine, l'armée tunisienne a fait face hier à une attaque terroriste près de la frontière libyenne. Les pertes sont lourdes, de part et d'autre, ainsi que chez les civils.
Hier à l'aube, quelques dizaines de terroristes ont attaqué trois bases de la sécurité tunisienne à Ben Guerdane, localité de 60 000 habitants à moins de 35 kilomètres de la Libye. Le dernier bilan évoque au moins sept victimes civiles, dont un enfant, dix agents des forces de l'ordre et 35 terroristes tués. L'offensive n'a pas été revendiquée mais tout porte à croire que Daech est impliquée.
Il y a moins d'une semaine, le 2 mars, les forces de l'ordre tunisiennes avaient abattu cinq terroristes venus de Libye et retranchés dans une maison de Laaouija, à 12 kilomètres de Ben Guerdane, dans le sud-est tunisien. Un civil avait été tué et un militaire sérieusement blessé lors de l'affrontement. Mais hier, l'attaque a été d'une plus grande ampleur. Elle laisse supposer un haut niveau de préparation. Les terroristes ont assassiné deux responsables sécuritaires chez eux et attaqué de façon simultanée les postes de la police, le commandement de la garde nationale (équivalent de la gendarmerie) et la caserne militaire. Le ministère de l'Intérieur a déclaré que ces assauts ont été déjoués mais l'information suscite un choc. Des habitants ont raconté s'être retrouvés nez à nez avec des terroristes armés de lance-roquettes en sortant de chez eux.
Sept suspects arrêtés
La ville a retrouvé un semblant de clame dans la matinée. "Les gens sortent, il n'y a plus de tirs. Nous faisons confiance à la police pour chasser les terroristes", indique un habitant. Calme n'est pas forcément synonyme de sécurité : dans l'après-midi,les autorités disaient poursuivre la traque des terroristes. Selon les dernières informations, sept suspects ont été arrêtés. Un couvre-feu a été instauré de 19 à 5 heures du matin. Les postes frontière avec la Libye, les accès à la ville de Ben Guerdane et à l'île de Djerba ont été fermés. Le fait est que la région est particulièrement sensible. Paris a classé Ben Guerdane en zone orange, c'est-à-dire "déconseillée sauf raison impérative" aux voyageurs. La frontière avec la Libye est en rouge, soit "formellement déconseillée".
La situation a empiré après le bombardement aérien effectué le 19 février contre Daech dans la ville libyenne de Sabrata, à 140 kilomètres de Ben Guerdane. L'opération ciblée avait fait plusieurs dizaines de morts. Les forces du gouvernement de Tripoli, qui jusque-là niaient la présence de Daech dans cette ville de la côte méditerranéenne, ont ensuite lancé des opérations de nettoyage, arrêtant et tuant des membres supposés du groupe terroriste.
Selon les forces libyennes, une grande majorité de ces derniers, parmi lesquels des femmes, seraient des Tunisiens. Ainsi, la force Rada (dissuasion), basée à Tripoli, a publié il y a quelques jours la vidéo "confession" d'un prisonnier arrêté à Sabrata. Face à la caméra, l'homme de 25 ans originaire de Tunis déclarait que Daech envisageait de "prendre" Ben Guerdane. "200 combattants vont attaquer la ville", avait-il précisé. De notre correspondante à Tunis, Maryline Dumas
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