le Progrès du mercredi 11 mai 2016
PHILIPPINES - ÉLECTION. L'IMPROBABLE PRÉSIDENT DUTERTE
Le maire de Davao, Rodrigo Duterte, a remporté lundi les élections présidentielles, au terme d'une campagne marquée par les déclarations chocs, et la volonté de recourir aux méthodes fortes pour lutter contre la corruption et le trafic de drogue.
Les Philippines ont une vie politique mouvementée. Mais Rodrigo Duterte est l'un des personnages les plus hauts en couleur et les moins orthodoxes à jamais avoir été appelés au sommet du pouvoir.
Maire de longue date de la ville méridionale de Davao, il a fasciné les Philippins grâce à une campagne populiste et sécuritaire menée à grands coups de tirades ordurières et de menaces de mort. L'avocat de 71 ans, ancien procureur, qui avait brièvement adhéré à une organisation communiste, se présente comme l'homme fort capable de mettre un coup de pied dans la fourmilière de la politique conventionnelle.
Droits de l'homme aux orties
"Je veux tendre la main afin que nous commencions maintenant le processus de guérison", a-t-il déclaré hier. En campagne, il a effrayé ses contempteurs mais séduit les foules en assurant, avec force grossièretés qu'il allait tuer des dizaines de milliers de criminels, jeter les droits de l'Homme aux orties et se gracier lui-même pour meurtres de masse.
Il a usé hier de termes moins provocateurs tout en soulignant qu'une campagne de répression visant spécialement le trafic de drogue serait l'une des ses priorités, et qu'il était prêt au meurtre. Son ascension inattendue à la présidence lors de l'élection de lundi témoigne de la frustration de Philippins lassés par une corruption endémique, la pauvreté et la domination économique de quelques dizaines de clans familiaux.
Duterte a recueilli une avance insurmontable de 6,1 millions de voix lors de l'élection de lundi et ses deux principaux rivaux ont reconnu leur défaite. Son charisme ne fait guère de doute et ses talents de conteur plaisent aux foules, de même que ses vêtements informels.
Rodrigo Duterte a promis de reproduire dans l'archipel tout entier le modèle instauré à Davao, devenue selon ses dires une ville très sûre, où fumer est interdit dans les lieux publics et les voitures roulent à une allure de sénateur. Mais certaines de ses méthodes sont controversées.
Il accusé par les défenseurs des droits de l'Homme d'avoir organisé des escadrons de la mort ayant assassiné plus de 1400 personnes, dont des enfants.
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