le Progrès du mercredi 13 juillet 2016
EUROPE - RÉFUGIÉS. MIGRANTS : ALERTE SUR L'ITALIE
Frontex craint de nouveaux drames en Méditerranée, avec la forte augmentation des flux de migrants et la Libye vers les côtes italiennes, depuis la fermeture de la route des Balkans.
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a crise des réfugiés, "oubliée" le temps d'un Brexit, est brutalement de retour. Pas en Grèce, comme l'année dernière, mais en Italie : chaque jour, 750 personnes tentent d'entrer dans l'Union par la Méditerranée et les côtes italiennes, contre "seulement" 50 par la Grèce et des îles. Il y a "urgences", a déclaré hier Fabrice Leggeri, directeur de l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex, de passage à Paris.
130 migrants par bateau
Sa crainte est celle d'une "mortalité plus élevée" en Méditerranée, due à la fois au nombre de migrants tentant le passage, et aux procédés criminels des passeurs : "Depuis quelques mois, les trafiquants surchargent encore plus les bateaux", d'une centaine voire 130 personnes par embarcation. "Ils surchargent aussi le système" de surveillance des côtes et de sauvetage des naufragés, avec des flottilles de quinze à vingt bateaux.
Un drame peut donc "mettre en danger plusieurs centaines de personnes", alerte Fabrice Leggeri. La mort de 366 migrants en octobre 2013 dans un naufrage au large de Lampedusa avait déclenché les premières mesures d'urgence de l'Union contre une crise qui, depuis, n'a jamais vraiment cessé.
Chaos libyen
La première cause de cet afflux est la fermeture de l'ancienne route, par la Grèce. Car la Macédoine a fermé sa frontière avec ce pays en février. Et l'Union a conclu en mars un accord avec la Turquie, qui arrête désormais les migrants sur leur chemin vers l'Europe.
L'autre cause est le chaos persistant en Libye. Il facilite la tâche des trafiquants, et bloque l'opération européenne Sophia, censée attaquer les bateaux des passeurs sur les côtes libyennes, mais aujourd'hui en manque d'interlocuteur à Tripoli.
Fabrice Leggeri évalue "entre 300 000 et 500 000" le nombre de migrants prêts à franchir la Méditerranée pour le sud de l'Europe. Il va donc "redéployer une partie des moyens de l'agence de la Grèce vers l'Italie", en y affectant plus de 650 gardes-frontières et gardes-côtes. Il programme également l'ouverture de plusieurs nouveaux "hotspots", ou centres de tri, en plus des trois déjà existants, afin d'accueillir les réfugiés demandeurs d'asile, et de refouler les migrants économiques.
Cette réaction sera facilitée par la décision de l'Union, début juillet, d'augmenter fortement les moyens de Frontex. Rebaptisée Agence européenne de gardes-frontières et gardes-côtes, elle verra son budget croître de 100 millions d'euros à 330 en deux ans, et ses effectifs de 350 à 1000. Francis Brochet
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