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RELIGION - RENCONTRE. LE DALAÏ-LAMA PRÉCONISE LE DIALOGUE, MÊME AVEC DAECH

Le dalaï-Lama, chef spirituel des bouddhistes, passe la semaine en France, à Paris et Strasbourg, Pas de politique au programme, seulement de la méditation et un message d'optimisme et d'altruisme. Rencontre avec "l'ambassadeur du bonheur".

e dalaï-lama arrivera jeudi à Strasbourg, après un passage au Sénat à Paris, où il rencontrera un sénateur (Michel Raison, Les Républicains) et deux députés (l'écologiste Noël Mamère et le socialiste Jean-Patrick Gille). Hormis une entrevue décrochée au débotté par l'ex-ministre Emmanuel Macron hier matin, Sa Sainteté, comme l'appellent les fidèles, n'aura pas d'autre rendez-vous politique.

Cela ne le chagrine pas : "Si j'avais eu une requête à présenter à François Hollande, j'aurais été déçu, mais je n'avais rien de particulier à lui dire, ma visite n'est pas d'ordre politique. Donc il n'y a aucun problème".

Paix, optimisme, altruisme

Le 14e dalaï-lama est comme on s'y attend. Sourire toujours accroché aux lèvres, regard profond et bienveillant, il ponctue ses propos d'éclats de rire communicatifs.

Invité par l'Université de Strasbourg, il est venu délivrer un message d'apaisement, d'optimisme. Pour le chef spirituel des bouddhistes, la méditation reste l'une des clés d'un monde meilleur. "On pense que la méditation, c'est fermer les yeux et ne penser à rien. Dans ce cas, les pigeons, là dehors, pratiquent la méditation", plaisante le sage : "Il s'agit d'analyser, de réfléchir, pour remédier aux émotions négatives". Lui se lève chaque jour à 3 heures du matin, après neuf heures de sommeil, pour méditer pendant 5 heures : "C'est la méditation sur l'altruisme qui m'a beaucoup aidé". Un discours en décalage avec le climat actuel en France, pays sous tension confronté à l'état d'urgence, au terrorisme et au racisme.

Pourtant, le dalaï-lama (littéralement "océan de sagesse") prône l'optimisme. "En pensant à l'avenir, il est normal d'éprouver une certaine anxiété. Mais si nous avons développé un calme intérieur, une force d'âme, les hauts et les bas de l'existence ne déséquilibreront pas notre paix intérieure".

"Ce sont juste des terroristes"

"Quelle que soit la religion, la base est toujours "Dieu est amour". Les terroristes ne devraient pas être appelés "terroriste islamiste" ou "terroriste bouddhiste". Ce sont juste des terroristes. Associer leur religion à ces actes, c'est très dangereux et inadmissible".

Un murmure parcourt la salle lorsque le dalaï-lama assure que "la seule voie est le dialogue avec Daech. Quelle autre voie pourrait-il y avoir ? Le XXIe siècle doit être celui du dialogue", assure le prix Nobel de la paix.

Les réfugiés ont vocation à rentrer chez eux

En mai dernier, une polémique était née après une déclaration du dalaï-lama sur les réfugiés. Dans un journal allemand, il avait notamment déclaré : "L'Europe, l'Allemagne en particulier, ne peut devenir un pays arabe. L'Allemagne est l'Allemagne". Trois mois plus tard, il explique : "Il est essentiel d'accueillir les réfugiés, les enfants doivent être éduqués, les jeunes formés. Mais une fois que la situation s'est améliorée dans leur pays d'origine, il faut leur donner tous les moyens pour leur permettre de retourner dans leurs pays, pour le reconstruire". Lui-même, exilé depuis 35 ans en Inde, n'a jamais abandonné l'idée du retour au Tibet, comme la plupart de ses compatriotes expatriés.

Citoyens du monde

Le dalaï-lama encourage tout un chacun à "élargir ses perspectives, se penser en citoyen du monde. Il faut sortir du "moi", sans quoi nous pouvons tomber dans une forme de désespoir. Je fais la promotion de la compassion, l'harmonie entre les religions, l'unité entre les populations". Une unité qui va de soi, selon lui, notamment pour la question écologique : "Par exemple, l'état des glaciers tibétains a un impact sur le réchauffement au niveau mondial. Cela concerne donc pas six millions de Tibétains, mais sept milliards d'êtres humains. Valentine Autruffe