le Progrès du mercredi 14 septembre 2016
IMMIGRATION - SOCIÉTÉ. 12 000 MIGRANTS À RÉPARTIR EN RÉGIONS
Selon un document officiel du ministère de l'Intérieur, pour soulager Calais, il faut créer 8 200 places de plus pour installer les migrants sur tout le territoire en plus de 4 000 existantes. Un projet déjà critiqué dans les régions.
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iscrètement mais sûrement, le gouvernement répartit les migrants à travers la France. Un "relevé de conclusions" du ministère de l'Intérieur fait état de chiffres qui vont bien au-delà des estimations d'il y a quelques semaines. Le gouvernement compte ainsi avoir créé 12 000 places d'ici la fin de l'année dans des Centres d'accueil et d'orientation, ce qui fixe à 8 200 le nombre de places restant à créer. Début septembre, lors d'une visite à Calais, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait chiffré à 2 000 le nombre de places restant à créer d'ici au 31 décembre. Ses services travaillaient en fait sur un chiffre quatre fois supérieur...
Les chiffres par région
Pour répartir les migrants, le gouvernement a donné des consignes très fermes aux préfets. Ceux-ci sont chargés de recenser les sites disponibles et d'engager leur aménagement sans tenir compte des récriminations éventuelles de populations sur place. "La liste devra être remontée sans que soit au préalable recherché l'accord avec des élus locaux", précise le document du ministère de l'Intérieur.
Sont concernées les propriétés disponibles de la Poste et d'autres administrations de l'État, ainsi que les anciennes casernes, les terrains inoccupés. Toutes les régions sont visées, sauf l'Ile-de-France, déjà saturée, et la Corse... Où le gouvernement redoute de toute évidence des réactions véhémentes, inopportunes à quelques mois de la présidentielle. D'après la carte publiée par le Figaro, la Bourgogne-Franche-Comté recevra 750 migrants dans des unités de plus de 100 mais de moins de 300 personnes (dont 550 à créer)n Auvergne-Rhône-Alpes 1 784 (dont 1 405 à créer) et la région Paca 1 175 (dont 949 à créer).
Réactions indignées
Ce relevé de conclusions, qui n'était pas destiné au grand public, a déclenché dès sa parution, une série de réactions indignées.
Christian Estrosi, président LR de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a dit "s'opposer formellement à ce que nous subissions les mini-jungles que le gouvernement voudrait imposer". Scandalisé par le refus de concertation du ministère, Guillaume Peltier, maire LR de Neug-sur-Beuvron, dans le Centre, demande de "discuter fermement avec les Britanniques, et les contraindre à accepter de construire sur leur sol un centre d'hébergement provisoire" pour vider la jungle de Calais.
Le Front national estime que cette répartition est "une réponse sans fin" et souligne : "le flux de migrants ne s'arrêtant jamais, y compris à Calais, il faudra en permanence de nouveaux plans de dispersion des migrants et rapidement la France sera complètement saturée".
Pour Laurent Wauquiez (LR, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes) le gouvernement est en train de reproduire, en catimini, les "mêmes erreurs que l'Allemagne". La fuite ayant permis au Figaro d'obtenir les quotas de migrants à imposer dans les régions n'a pas fini de faire des vagues. Après la déchéance de nationalité en début d'année, la loi Travail au printemps et à l'été, le gouvernement a dans ses mains une nouvelle patate chaude... Patrick Fluckiger
À Calais, la déchirante sélection pour les départs en centres d'accueil
"Madame, madame, choisissez-moi s'il vous plait !" : des dizaines de migrants désirant quitter la jungle supplient, bras en l'air, trémolos dans la voix et regard plein d'espoir, de pouvoir monter dans le car partant hier matin pour un Centre d'accueil et d'orientation (CAO), loin de Calais.
Autrefois réticents, ils sont désormais de plus en plus nombreux à opter pour un départ vers l'un des 161 CAO disséminés partout en France, après avoir reconsidéré leur projet de vie, mais aussi parfois par dépit. Victimes de leur succès, ces centres engorgés laissent cependant sur le carreau une grande partie des candidats qui attendaient leur tour et ne comprennent pas pourquoi certains cars repartent à moitié vides.
"Il n'y a presque personne dans ce bus ! J'attends ici depuis hier soir et une fois de plus, je n'ai pas été choisi. C'est la septième fois que je viens, pour autant d'échecs", confie Achraf, un Soudanais portant un simple baluchon. Hier matin, seules 22 places étaient disponibles dans le car d'une capacité de 60 passagers en partance pour Challans et les Sables-d'Olonne (Vendée).
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