le Progrès du mercredi 1er février 2016
LE TON MONTE - TRUMP OU LE GRAND CHAMBARDEMENT
Moins d'un mois après son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump bouscule les habitudes diplomatiques de la première puissance mondiale. Une politique-clash possible sans crash ?
En endossant le costume de président et en s'asseyant dans le bureau ovale de la Maison Blanche, il devait changer. S'assagir, prédisaient même certains observateurs politiques. Mais Donald Trump, 45e président des États-Unis d'Amérique ressemble étrangement au Donald Trump candidat républicain. Politique étrangère, immigration, économie, santé, en à peine quinze jours, le milliardaire-président a bousculé tous les us et coutumes de la première puissance mondiale en maintenant un discours et en signant dix-sept décrets aux accents populistes et nationalistes. Jusqu'à quand pourra-t-il tenir dans cette position, alors que son pays connaît une polarisation sans précédent ?
Quelle sécurité intérieure ?
Le décret le plus symbolique pris par Donald Trump concerne les ressortissants de sept pays musulmans (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yemen) interdits d'entrée sur le territoire américain. Objectif affiché : "Lutter contre l'infiltration de terroristes étrangers". Mais, rétrospectivement, aucun terroriste ayant frappé sur le sol des États-Unis ne provient de ces pays-là. Pour le 11-Septembre 2001, référence récurrent de Donald Trump, la majorité des pirates de l'air/terroristes étaient originaires d'Arabie Saoudite, royaume qui, par le plus grand des hasards, abrite de nombreuses affaires de la Trump company.
Dans plusieurs villes des États-Unis, mais aussi en Europe, ou dans les pays concernés, la vague d'indignation ne cesse de monter. Derrière ce décret, on peut facilement imaginer la patte dure de Steve Bannon, bras (très) droit du président Trump et stratège de sa campagne. Bannon vient d'être officiellement nommé au Conseil national de sécurité américain. Un signe fort, cohérent pour Trump, inquiétant pour la stabilité mondiale.
Quelle ligne pour l'économie américaine ?
Sur le terrain économique, Donald Trump joue aussi sur "la colère et l'anxiété", deux sentiments déjà agités durant la campagne. La Chine est en ligne de mire, le Brexit considéré comme atout et la Grande-Bretagne comme allié. Avec "l'Amérique d'abord" au fronton de la ligne idéologique. À l'heure de la mondialisation, Donald Trump joue à contre-courant. Les grandes entreprises américaines, qui imaginaient, à son élection, un bon climat pour les affaires, déchantent. Comme la Silicon Valley, les PDG de Ford, Nike, FedEx, Apple, ou Starbucks, ne modèrent pas leurs critiques. Même certains bailleurs de fonds du Parti républicain ont exprimé leurs vives inquiétudes. La Réserve fédérale aussi affiche ses... réserves sur les mesures protectionnistes prises par Donald Trump. Les pays émergents s'inquiètent du retour d'un dollar fort. Par ricochet, cette peur risque de gagner le continent européen. Le champion des Républicains, devenu le porte-parole du mécontentement des Américains, gardera-t-il longtemps le soutien des uns et des autres ? Le suspense reste entier. X.F.
Pas d'accord ? "Vous êtes viré"
"You're fired" ("Vous êtes virés"), a répété pendant de nombreuses années Donald Trump, quand il présidait l'émission qui l'a rendu célèbre, The Apprentice. Devenu président, l'ancien animateur n'a pas perdu ses habitudes et a limogé la ministre par intérim de la Justice, qui avait refusé d'appliquer le décret controversé. Sally Yates, qualifiée de "faible sur les frontières et très faible sur l'immigration illégale" par la Maison Blanche, a été remplacée par le procureur Dana Boente, en attendant la confirmation par le Sénat de la nomination du sénateur Jeff Sessions. Le chef de l'État a également débarqué le chef intérimaire du service de l'immigration et des douanes, un ancien de l'administration Obama.
Mais la nomination attendue concernait la Cour suprême. Cette nuit, Donald Trump devait révéler le nom du futur neuvième jugue de l'instance. Nul doute que le siège, vacant depuis février 2016, sera confié à un juge conservateur et qu'il entraînera des remous avec l'opposition démocrate. "Il s'agit d'une personne incroyablement hautement respectée et je pense que vous allez être très impressionnés", a fanfaronné le président.
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