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POLITIQUE - À LA VEILLE DU SCRUTIN DU 8 NOVEMBRE, LES AMÉRICAINS SONT PLUS DIVISÉS QUE JAMAIS

Élection américaine : les États désunis

La campagne électorale aux États-Unis montre une société fracturée et tentée par le populisme. La peur du déclin et l'accroissement des inégalités ont fait voler en éclat le rêve américain alors que l'écart entre Clinton et Trump se resserre à nouveau.

Le 20 janvier 2009, près de deux millions d'Américains se pressent à Washington pour suivre la cérémonie d'investiture de Barack Obama. L'élection du premier président noir des États-Unis soulève un immense espoir. Le slogan "Yes we can !" devient le symbole d'une Amérique qui rêve de se débarrasser des ses vieux démons.

Huit ans plus tard, la désillusion est grande. À la veille du scrutin du 8 novembre, les États-Unis sont plus divisés que jamais. La société américaine est coupée en deux après une campagne électorale qui a accentué le fossé entre les Blancs et les minorités, mais aussi entre les femmes et les hommes.

Pas d'entrain pour une femme

D'un côté, une Amérique blanche et masculine ainsi que des classes moyennes prêtes à se jeter dans les bras d'un Donald Trump populiste, xénophobe et phallocrate, honni par le parti dont il porte les couleurs. De l'autre, une Amérique multiraciale, des femmes et des classes supérieures plutôt enclines à voter pour une Hillary Clinton qu'elles sont pourtant nombreuses à détester. L'été dernier, sept Américains sur dix disaient ne pas lui faire confiance. D'ailleurs, quand on lui demandait en février 2016 si elle avait toujours dit la vérité aux Américains, elle répondait "J'ai toujours essayé". Même la perspective pourtant historique d'élire la première femme à la Maison Blanche ne suscite pas l'enthousiasme qu'on avait pu voir en 2008 avec Obama.

Le bilan mitigé de Barack Obama

Le président réélu en 2012 laisse un bilan mitigé. La croissance américaine est de retour avec une huasse du PIB de 13 % depuis 2008, là où la zone euro ne fait pas mieux de 2 %. Le taux de chômage eux États-Unis est retombé sous les 5 %. Mais la reprise économique reste fragile. La peur du déclin et l'accroissement des inégalités expliquent le pessimisme des Américains, tentés par le populisme de Trump et son slogan : "Make America great again". Même l'Obamacare, qui a permis à 20 millions d'Américains de retrouver une couverture maladie, reste un progrès inachevé. Les questions raciales sont toujours une plaie ouverte. Barack Obama, qui ne voulait surtout pas apparaître comme le président des Noirs, les a laissées de côté.

"Démocratie menacée"

"Le postulat profondément enraciné selon lequel l'Amérique est la terre de tous les possibles et chaque génération vit mieux que la précédente est remis en question", reconnaît Joseph Stiglitz. Pour le prix Nobel d'économie, l'émergence de Trump fait courir "le risque d'une société divisée, d'une démocratie menacée et d'une économie affaiblie".

Hillary Clinton semblait avoir pris le large depuis la révélation des propos obscènes tenus par Trump en 2005. Mais l'écart entre les candidats s'est à nouveau resserré après l'annonce d'un supplément d'enquête du FBI sur l'affaire des e-mails de Clinton. À moins d'une semaine du scrutin, deux Amériques se font face dans un climat de scandales qui laisse au second plan les programmes des deux camps. Luc Chaillot

■ Une élection au suffrage indirect

Les électeurs n'élisent pas directement le président et le vice-président. Ils votent pour des grands électeurs (538 au total). La Californie, était le plus peuplé du pays, en compte 55, le Texas 38, l'État de New York 29, la Floride 29. Des États plus petits comme le Vermont, l'Alaska, le Wyoming et le Delaware n'en ont que trois.

■ Qui est élu président ?

Pour être élu, le président doit obtenir la majorité absolue des 538 grands électeurs, soit 270. Dans tous les États, sauf le Nebraska et le Maine, le candidat qui remporte la majorité des voix rafle tous les grands électeurs de l'État. C'est la règle du "Winner takes all". Il est donc possible d'être élu président des États-Unis sans avoir autant de voix de son adversaire.

■ Les Américains votent aussi sur d'autres sujets

Le 8 novembre, ils votent aussi pour élire les 435 membres de la Chambre des représentants et 34 des 100 sénateurs. Les démocrates espèrent reprendre aux républicains au moins une des deux chambres du Congrès. Les Américains éliront aussi des gouverneurs, des juges, des maires, des shérifs... Ils se prononceront lors de référendum locaux sur la législation du cannabis, le salaire minimum, les armes à feu et même sur le port obligatoire du préservatif par les acteurs de films pornographiques en Californie.