le Progrès du mercredi 29 juin 2016
UNION EUROPÉENNE - PREMIÈRE RÉUNION DU CONSEIL EUROPÉEN APRÈS LE VOTE BRITANNIQUE
Après le Brexit, le divorce ne commence pas à l'amiable
Le diable est dans les détails, disent les Allemands - et dans le calendrier : le Royaume-Uni est l'Union Européenne vont divorcer, mais quand ? Bataille hier et aujourd'hui à Bruxelles...
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e dîner du Conseil européen s'annonçait tendu, sinon indigeste, hier soir à Bruxelles. Pour la première fois depuis le vote des Britanniques en faveur du Brexit, le Premier ministre David Cameron devait s'expliquer devant ses 27 futurs ex-partenaires de l'Union Européenne. Avec pour entrée, plat et dessert, un seul sujet : comment négocier le divorce ?
UE : vite passer à la suite
Les termes du débat paraissent assez simples. D'un côté l'Europe souhaite discuter rapidement des termes de la séparation : le devenir de la contribution financière au budget commun et des subventions européennes déjà programmées pour le Royaume-Uni, le futur des fonctionnaires britanniques travaillant pour l'UE, etc. Les Européens veulent aller vite sur ce point, afin de pouvoir commencer d'écrire la suite de l'histoire à 27.
Cette procédure de séparation, définie par l'article 50 du traité, doit tenir en deux ans. Le problème est que seul l'État qui se retire peut la déclencher, en annonçant officiellement sa volonté de retrait aux autres.
GB : les avantages sans les lois
De l'autre côté, le Royaume-Uni. Il entend justement reporter la discussion sur la séparation à l'automne. Car il souhaite d'abord parler de la suite, des nouvelles règles à établir entre l'Union à 27 et le Royaume-Uni, notamment sur la liberté de circuler des personnes (dont les immigrés) ou le libre-échange de marchandises.
L'objectif britannique est clairement exprimé par le probable successeur de David Cameron, Boris Johnson, dans le Telegraf : après le Brexit, les Britanniques pourront "aller et travailler dans l'UE, vivre, voyager et étudier", la seul différence étant que le pays "ne dépendra plus du système législatif européen extraordinairement opaque".
Deux camps divisés
La divergence est claire et simple... Mais tout se complique, car des divergences existent à l'intérieur de chaque camp. Côté britannique, la bataille est ouverte chez les conservateurs, place de Premier ministre en jeu, pour savoir qui serait le mieux à même de négocier avec l'UE. Bataille aussi au sein du camp du Brexit, entre des conservateurs qui veulent ménager les intérêts de la City, et le nationaliste Nigel Farage, concentré sur les frontières à rétablir contre l'immigration.
Dans le camps européen, François Hollande plaide avec Matteo Renzi pour la fermeté, et avance déjà ses propositions de relance pour la suite. Mais ils sont un peu isolés sur cette position. Car Angela Merkel écoute aussi les dix États (Europe centrale, avec la Grèce, l'Autriche...) qui se sont réunis lundi pour conseiller prudence et conciliation avec les Britanniques.
La nuit promettait donc d'être longue, à Bruxelles. Et suivie de beaucoup d'autres nuits blanches. Francis Brochet
"Les attentes sur l'Europe ne sont pas prises en compte"
La construction européenne va-t-elle devenir une préoccupation majeure des citoyens?
L'Europe en termes de projet commun a été peu traitée lors des présidentielles. En France, même les élections européennes se jouent sur des enjeux nationaux. Toutes nos enquêtes montrent pourtant que l'Union n'est pas remise en cause par les Français. Au contraire, 69 % des personnes interrogées pensent que dans un contexte de mondialisation, la France serait mieux armée, mieux protégée par un ensemble européen.
En revanche sous l'effet de la crise, il est massivement reproché à cette Europe d'être le cheval de Troie d'un libéralisme débridé et d'une économie mondialisée, et surtout de créer une concurrence entre les salariés de ses propres pays membres, au lieu d'être un rempart contre la concurrence des pays émergents.
Forcément, ce reproche vient d'abord, en France comme en Grande-Bretagne, des ouvriers, des employés, catégories sociales et des territoires les plus exposés aux aléas économiques et sociaux. Une écrasante majorité ne comprend pas qu'il n'existe pas d'harmonisation fiscale ou sociale.
Le thème de l'immigration a pesé lourd sur le Brexit ?
La crise des réfugiés a lié l'immigration et l'Europe. Lorsqu'on interroge les échantillons représentatifs, 66 % déclarent qu'il y a trop d'immigrés. Ils constatent l'inefficacité des États et de l'UE à contrôler les frontières extérieures et l'incapacité à assurer la sécurité intérieure. Sans une vraie prise en compte des attentes des peuples et des craintes des opinions publiques, les politiques vont tuer le projet européen qui est pourtant attendu par une majorité. Recueilli par P.J.
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