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L'AIR DU TEMPS

le Progrès du mercredi 30 septembre 2015

 

 

 

TERRORISME - Ils ont quitté Daech et le racontent. Ecoeurés, déçus, ébranlés : plusieurs ex-djihadistes témoignent. Ils racontent l'ultra-violence, l'arbitraire, et l'absence d'idéologie qui prévalent au coeur de l'organisation terroriste Etat islamique. Depuis qu'ils l'ont quittée, 58 repentis ont relaté leur expérience.

 

 

 

Daech "tue toute personne qui dit non. Tout le monde doit être avec eux. S'ils me trouvent, ils me décapitent" : désormais réfugié en Turquie, ce jeune Syrien témoigne auprès du Centre international pour l'étude de la radicalisation et des violences politiques (ICSR), qui dépend du prestigieux King's College de Londres.

 

 

 

Pas moins de 58 "revenants" ont ainsi raconté leur vie sous Daech. Une goutte d'eau parmi les milliers de djihadistes locaux ou venus d'Occident... mais un précieux témoignage. L'ICSR y voit surtout un bon moyen de contrer la très efficace propagande des djihadistes en la confrontant à ces repentis.

 

 

 

"Désignés kamikazes"

 

Un autre ex-djihadiste se dit écoeuré : il a découvert que le groupe ne tue pas que les partisans de Bachar al-Assad (en Syrie), mais aussi des opposants musulmans, même sunnites, ainsi que des civils. D'autres, encore, dénoncent l'arbitraire : ils accusent l'organisation d'exécuter sommairement certains de ses membres, alors que d'autres faisaient l'objet d'un traitement de faveur. La vie a-t-elle encore un prix, au sein de Daech ? Deux de ses membres affirment en tout cas avoir fui l'organisation, en apprenant qu'ils étaient pressentis pour devenir... kamikazes. Eux, voulaient simplement combattre et gagner de l'argent...

 

 

 

Pas d'angélisme

 

Enfin, à quoi s'attendait les djihadistes en rejoignant ces barbares sanguinaires... ? Quelques-un des déserteurs de Daech sont partis à cause "d'une mauvaise qualité de vie" : en effet, ils avaient rejoint l'organisation pour l'argent facile, le pouvoir ou les femmes. Ils y ont trouvé un triste monde, fait de pénuries d'eau, de coupures électriques, d'un confort sommaire et de tâches ingrates.

 

 

 

L'ICSR n'affiche aucun angélisme face aux 58 déserteurs : "En revenant, ils ne sont pas devenus de fervents démocrates", écrit le rapport. Ibrahim, d'ailleurs, trouve toujours "juste" la lapidation d'un couple adultère, mais refuse la mort d'humanitaires, de civils, de journalistes. Pour l'ICSR, "ils avaient rejoint l'organisation la plus violente et totalitaire de notre époque, et ils sont devenus ses pires ennemis".

 

 

 

 

Dissuader

 

Car le centre d'étude compte bien utiliser ces témoignages, et pousser les "revenants" à s'exprimer. Objectif : dissuader les prétendants au départ, mais aussi ceux qui sont déjà sur place : "L'existence même de ces transfuges repentis bris l'image d'unité et de détermination des terroristes : leurs récits mette en évidence les contradictions et les hypocrisies de Daech". Joël Carassio

 

 

 

A l'ONU, les rencontres Obama-Poutine sont restées glaciales. Hier, au sommet anti-terroriste, Poutine n'était pas présent. Moscou a fustigé ce sommet organisé par les Etats-Unis en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. "Les Nations unies ont leur propre stratégie anti-terroriste et tout cela aurait pu être tranquillement débattu à l'ONU. mais les Américains ne seraient pas les Américains s'ils ne cherchaient pas à démontrer leur rôle dirigeant, ne serait-ce que sur le papier", a lancé l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitaly Tchourkine.

 

 



30/09/2015
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