le Progrès du mercredi 31 août 2016
ÉDUCATION - RENTRÉE DES ENSEIGNANTS. PROF, UN MÉTIER DE PLUS EN PLUS DIFFICILE
Chaque élève, chaque parent a son avis sur la question. Est-ce l'enseignant qui sait tout ou bien celui qui sait faire passer ce qu'il sait ? Une maîtresse qui obtient le silence au moindre haussement de sourcil ou bien celle qui tolère le brouhaha ?
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e mercredi, un jour avant leurs élèves, 861 000 enseignants font leur rentrée. À reculons ? Pas forcément. Selon le dernier sondage de l'UNSA, réalisé en juin 2016 auprès de 12 000 enseignants : les trois-quarts disent être heureux d'exercer leur métier. Mais la plupart sont quand même dépités : huit sur dix ne sont pas satisfaits de leur carrière et de leur salaire. Et seulement un sur trois conseillerait cette profession à un proche.
14 % des postes non-pourvus au concours
Une certaine désaffection apporte de l'eau à leur moulin. "Près de 14 % des postes offerts au concours 2016 n'ont pas été pourvus" calcule le SNES-FSU, syndicat majoritaire chez les enseignants du secondaire. Lettres classiques, allemand, musique, mathématiques... Certaines disciplines sont davantage touchées. Même le primaire n'échapperait plus à la "crise du recrutement" dénoncée par le Snuipp au vu des 665 postes qui n'ont pas été pourvus en juin.
Dans les conversations revient le sentiment de trop-plein, avec la hiérarchie qui en demande trop, les élèves passifs ou bruyants, les parents tatillons, voire agressifs. Désormais, des inspecteurs de l'Éducation nationale lèvent le tabou. Ainsi, en accueillant les professeurs stagiaires, le responsable de la formation les prévient : "il y a 30 ans, si un élève faisait l'idiot, vous lui donniez 30 lignes à faire par son père. Aujourd'hui, si vous mettez 30 lignes, le père porte plainte".
Leur ressenti reflète-t-il un exercice vraiment plus périlleux du métier ? Professeur à l'université Lyon 2 et auteur de recherches sur le travail enseignant, Françoise Lantheaume le confirme : "Incontestablement, leurs missions se sont diversifiées et leur travail s'est intensifié. Ceci est vrai dans toute l'Europe". Saisir les notes, individualiser son enseignement, jouer un rôle dans l'orientation, plusieurs tâches nouvelles s'ajoutent.
Un décalage entre ambitions et moyens
Olivier Rey, à l'Institut Français de l'Éducation, pointe une autre difficulté "les professeurs d'aujourd'hui sont davantage soumis à l'injonction de faire réussir tous leurs élèves". Les attentes sociales sont contradictoires et cela se traduit aussi au niveau de l'État", analyse Françoise Lantheaume. "On leur fixe des objectifs très élevés sans forcément leur dire comment faire, sans leur laisser le temps de délibérer pour savoir qu'elle est la meilleure façon de faire. Les conditions objectives de leur travail ne facilitent ce qu'on attend d'eux". Muriel Florin
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