le Progrès du samedi 30 avril 2016
SOCIAL - LA FÊTE DU TRAVAIL EST CÉLÉBRÉE EN ORDRE DISPERSÉ
Défilés du 1er Mai : le Travail divise les syndicats
Faut-il déclarer la mort du dialogue social, qui permet de passer des accords entre chefs d'entreprise et salariés ? Les divisions sur la loi Travail, censée le revivifier, pourraient bien l'enterrer.
Pour Force Ouvrière, 1er Mai rime avec hommage au Mur des Fédérés à Paris, symbole de l'émancipation ouvrière. Mais cette année, Jean-Claude Mailly défile avec Phlippe Martinez (CGT) et les dirigeants de Solidaires, la FSU et l'UNEF, dans la continuité de la mobilisation contre la loi Travail. Et les "réformistes", la CFDT, l'UNSA, la CGC et les étudiants de la Fage, organisent des rencontres sur cette loi Travail qu'ils approuvent globalement, et sur les réfugiés. La démonstration éclatante, en ce jour symbolique, de la profonde rupture du syndicalisme français.
Pourquoi tant de haines ?
Elle n'est pas nouvelle. Mais elle plus profonde, plus viscérale que jamais. C'est, la semaine dernière à Marseille, les congressistes de la CGT qui huent le représentant de la CFDT. C'est Jean-Claude Mailly qui reproche à Laurent Berger d'être au service du patronat. C'est Laurent Berger qui reproche à Jean-Claude Mailly de faire le jeu du FN...
Pourquoi tant de haines ? La CGT s'enfonce depuis deux ans dans la succession ratée de son secrétaire général Bernard Thibault. Et elle pourrait bientôt perdre sa place historique de premier syndicat français au profit de la CFDT, à plus de 880 000 adhérents. Le tout sur fond de deuxième round de mesure de la représentativité syndicale, lourde en postes et en finances, en 2017. Le premier avait donné en 2013 un avantage au camp réformiste (51 % contre 49 %), minime mais décisif, car il lui permettait d'entériner des accords nationaux.
Le révélateur de la loi Travail
Il y a surtout une divergence de fond. Syndicalisme de compromis dans l'entreprise avec la CFDT, de négociation nationale avec FO, ou de contestation avec la CGT ? Cette divergence s'est cristallisée sur le projet de la loi Travail, justement censé promouvoir le rôle des syndicats et de la négociation sociale, et qui a ainsi joué le révélateur.
Manuel Valls provoque
La nouveauté, c'est que la division des syndicats de salariés s'accompagne d'un ras-le-bol d'une partie du patronat : Pierre Gattaz (Medef) l'a vertement fait savoir, il en assez du "donnant-donnant", et menace de quitter l'assurance chômage, le dernier bastion paritaire, géré par les partenaires sociaux. Il y est de fait encouragé par le Premier ministre Manuel Valls : guère amateur des lenteurs et subtilités du dialogue social, il ne cesse de bousculer syndicats et patronat. Dernière provocation, sa volonté d'imposer une taxation des CDD, qui relève de leur compétence dans le cadre de l'UNEDIC.
Au bout de ce processus, la mort lente du dialogue social. Est-ce grave ? Pas forcément. La plupart des prétendants de la droite l'appellent de leurs voeux. La certitude, c'est que la question sera au coeur de la présidentielle 2017. Francis Brochet
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