le Progrès du samedi 23 juillet 2016
ALLEMAGNE - TOUT LE PAYS SOUS LE CHOC. DES TIREURS SÈMENT LA MORT À MUNICH
On ignorait hier soir qui était à l'origine des attaques qui ont fait au moins neuf morts dans rues de la métropole bavaroise. Une seule chose est acquise : l'Allemagne a été frappée par le terrorisme.
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l est très exactement 17 h 52. Un homme sort du MacDonald's de la Hanauerstrasse, près du stade olympique de Munich, dégaine une arme de poing et se met à tirer devant lui. Puis, il s'engouffre, en face, dans la Riesstrasse et entre dans le grand centre commercial du stade, où des tirs ne tardent pas à se faire entendre. Au moment où il s'est rué hors du McDo, le tireur avait déjà tué. Dans le restaurant, il avait visé des enfants, tout à fait sciemment selon un témoignage recueilli par CNN.
Les autorités parleront d'abord d'un "Amoklauf", c'est-à-dire de folie meurtrière. Mais l'amok est toujours individuel, et on ne tarde pas à apprendre qu'il n'y a pas un mais peut-être trois tireurs. L'un deux est repéré sur le toit du musée de la chasse.
Neuf tués, dont un suspect
À 20 heures, la police parle officiellement d'attentat et publie un premier chiffre : on compte déjà six morts. Le bilan sera revu à sept, puis à huit morts dans les heures qui suivront. Les victimes se trouvent près du stade olympique, dans le centre commercial et dans le McDonald's. Et personne n'est arrêté.
À 22 h 30, un porte-parole de la police indique qu'un neuvième corps sans vie avait été trouvé à proximité du centre commercial et qu'il pourrait s'agir d'un des tireurs.
Depuis le début de soirée, Munich est une ville fantôme. Le centre-ville est bouclé par les forces de l'ordre, la gare centrale est évacuée. Le métro, le tram et le bus sont arrêtés. Des policiers se déploient. Certains ont enfilé un gilet pare-balles par-dessus leur tenue civile - il y en a qui sont en short ! - témoignant de la précipitation avec laquelle ils ont rejoint leur poste. D'autres sont en tenue, lourdement armés. Les tireurs, eux, sont invisibles.
Quel terrorisme ?
L'attentat terroriste ne fait guère de doute. Mais quel terrorisme ? Une semaine après l'attaque à la hache d'un jeune Afghan (ou Pakistanais) dans un train régional à Würzbourg (en Bavière, tout comme Munich), l'islamisme était immédiatement montré du doigt. Peter Altmaier, directeur de la chancellerie (l'équivalent du directeur de cabinet de l'Élysée) a évoqué dans la nuit un attentat islamiste à la télévision, mais sans certitude.
Les médias allemands se montraient extrêmement prudents. Sur la première chaîne ARD, un reporter bafouillait de stupéfaction. L'information, en réalité, le dépassait à chaque instant : Facebook, Twitter, Youtube regorgeaient déjà de vidéos, partielles, souvent de mauvaise qualité, mais qui donnaient une vision angoissante de la métropole bavaroise.
L'Allemagne toute entière est sous le choc, comme elle l'avait été en 1972 quand un commando palestinien avait pris en otages des athlètes israéliens en plein Jeux Olympiques. L'attaque s'était alors soldée par la mort de 11 sportifs israéliens, un policier allemand et cinq terroristes de Septembre noir. L'Allemagne priait hier soir pour que le bilan du nouvel attentat qui a débuté près du stade olympique ne soit pas si lourd. P.F.
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