le Progrès du samedi 26 novembre 2016
EUROPE - MIGRANTS. LE PRÉSIDENT TURC MET LA PRESSION
La riposte ne s'est pas fait attendre. Au lendemain de la décision des euro-députés de mettre un coup d'arrêt aux négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est montré très menaçant depuis Istanbul : "Si vous voulez allez plus loin, ces frontières s'ouvriront, mettez-vous ça dans la tête". En clair, M. Erdogan de laisser passer les migrants - on compte actuellement 2,7 millions de réfugiés syriens sur le sol turc - qui souhaitent se rendre en Europe.
Après le coup d'État manqué l'été dernier, le président turc a mené une purge sans précédent dans les domaines des médias, de l'éducation, de la justice, de la police, et de l'armée. Certains officiers turcs, en poste dans les rangs de l'Otan dans les pays européens, ont d'ailleurs demandé l'asile, a reconnu récemment Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan. Un facteur qui attise un peu plus de tensions entre l'Union européenne et son voisin, qui tente depuis 2005 d'intégrer l'Union européenne.
Moscou et Pékin plutôt que Berlin ou Paris
Que reste-t-il du pacte d'accord signé en mars dernier entre les deux parties ? En échange de sa bonne volonté de bloquer le flux des migrants vers le continent européen, le régime turc avait bénéficié d'un premier soutien financier européen à hauteur de 3 milliards d'euros, 3 milliards supplémentaires étant prévus avant fin 2018. Les premiers renvois de réfugiés vers les côtes turques s'étaient déroulés début avril.
Depuis cette date, la situation n'a pas cessé d'empirer entre les deux "partenaires". Le président Erdogan a réussi à sortir indemne d'un putsch militaire, renforçant son pouvoir autocratique.
L'Europe, de son côté, est de moins en moins encline à permettre aux ressortissants turcs d'être exemptés de visas pour entrer dans l'espace Schengen. Les Vingt-Huit s'y étaient pourtant engagés au printemps.
Pas à pas, Recep Tayyip Erdogan snobe l'Union européenne et esquisse un rapprochement avec Moscou, Pékin, et peut-être Washington, avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. X.F.
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